Le discours typique de l’esclave
Publié le 3 Décembre 2012
Un des aspects les plus horrifiants de notre culture actuelle, est cette capacité de (faire) croire que c’est la seule
qui existe. Alors que c’est tout simplement la pire de toutes. Les exemples sont dans le cœur de chacun, simplement le fait que les gens vont travailler six jours par semaine est la chose la plus
tragique qu’on puisse imaginer. Comment peut-on voler ainsi la vie des êtres humains en échange de la nourriture, d’un toit et d’une voiture ? Jusqu’à il y a peu, je pensais que ce serait un
plaisir pour moi d’avoir un travail. Aujourd’hui je pense à tous ces bâtards qui me volent l’unique vie que j’ai. Parce que je n’en aurai pas d’autre, je n’ai que celle-là. Et ils me font
travailler cinq jours par semaine, voire six pour certains, et il me reste un misérable petit jour pour moi. Qu’est-ce qu’on peut faire en un jour ? Sûrement pas se construire une vie. C’est leur
manière de nous mettre un pot de fleur dans notre cellule, sachant que même si la porte est grande ouverte, personne ne voudra sortir. Ce que nous ne devons pas perdre de vue, c’est qu’on nous
vole notre vie, en échange de quelque sous par mois.
Donc, alors que je travaille toute ma vie pour approximativement 2 millions, je n’arrive pas à comprendre comment un
tableau de Van Gogh peut valoir 77 milliards…
Et la vie d’un être humain 2 millions…
En plus avec toutes ces nouvelles technologies, les profits ont augmentés au moins 100 fois, le travail devrait être
diminué à son dixième… Et bien non ! Au contraire, il a encore augmenté. Aujourd’hui je sais que je me fais voler la plus belle chose que la nature m’ait offerte. Pensez un peu à une des plus
belles choses que la nature nous permet de faire, faire l’amour. Imaginez un peu que vous vivez dans un système politique, économique et social, où les personnes sont surveillées 24h/24. Ce
serait une vraie torture. Et donc, pourquoi ne pas faire la comparaison avec le travail, qui n’est certainement pas plus satisfaisant que faire l’amour. Par exemple, le fait que les gens aillent
travailler six jours par semaine. Mais la partie la plus horrible de cet état des choses, est que les gens sont soumis à des chefs, qui les obligent malgré eux à lécher le trottoir, tout cela
pour plus d’argent. Et j’entends souvent les gens dire que de toute façon, on ne peut plus rien changer, le système est tel qu’il est, irréversible. Et là je réponds que cette personne tient le
discours typique de l’esclave soumis. L’esclave ne combat pas son maître, il le défend corps et âme. Parce que la plus lourde des chaînes d’un esclave n’est pas celle qui est attachée à son pied,
c’est celle qui est dans son esprit, esprit qu’il n’arrive plus à imaginer le goût de la liberté.
Cela me fait penser à cette histoire, de quand Galilée à déclaré que c’était la Terre qui tournait autour du Soleil et
non le contraire, il s’est retrouvé face à des personnes comme celle citée ci-dessus qui lui ont répondu : « Hé mais, çà fait 22 siècles que tout le monde dit que la Terre est le centre de
l’univers ! Et toi tu prétends le contraire, comment vas-tu nous démontrer que cette absurdité est vraie ? ». Et Galilée répond : « Cà ce n’est pas mon affaire, Messieurs. ». Réponse : « Alors
voilà, comme solution on t’enferme quelque part et on te force à démentir tes théories, ainsi tout est bien qui fini bien et l’ordre des choses n’est pas perturbé, compris ?».
Tout l’occident a sa vie basée uniquement sur le bénéfice, parce qu’il vole huit dixième des biens du reste du monde.
Donc on ne peut pas dire que nous soyons capables de produire nous-mêmes les choses que nous estimons les plus indispensables à notre survie. Non, tout ce que nous avons est le produit du vol de
80% des richesses du reste du monde. Ainsi 80% des richesses sont réparties pour le bénéfice de 25% de la population du monde, grand maximum.
Donc, mesdames, messieurs, aujourd’hui, vous avez le choix. Ou, vous vous réveillez. Ou, vous faites semblant de
dormir, mais alors vous devez bien vous rendre compte que dans ce cas, nous sommes tous morts.
Silvano Agosti
Silvano Agosti