Publié le 30 Août 2012
Voici la réponse, recue par mail, de Michèle Picard Maire de Vénissieux à ma lettre ouverte ...
Monsieur,
A vous lire, je constate que vous parlez d’une situation que vous ne connaissez pas. D’une part, celle du squat qui a été démantelé à la demande d’un propriétaire privé, situé à proximité de la place Grand Clément (Parilly) à Vénissieux, de leurs occupants et des riverains, et d’autre part, celle qui concerne l’investissement du Maire et des services de la ville sur cette question.
Vénissieux mène, dans ce domaine, une politique volontaire et cohérente, dans la limite de ses compétences. Elle est la seule commune à avoir mis en place un dispositif pour prévenir les risques et mettre en sécurité les occupants de squats et les riverains. En 2010, nous avons eu un incendie à l’intérieur d’un squat avec, à proximité, des bouteilles de gaz qui aurait pu engendrer un drame. Dorénavant, les services municipaux font le tour quotidiennement des squats, le service communal d’hygiène et de santé, assure un suivi médical sur chaque site, en relai avec la Protection Maternelle Infantile et Médecins du monde, et les enfants sont vaccinés. Le service éducation veille à la scolarisation des enfants dans les différents groupes scolaires. Nous travaillons en lien avec les associations d’aide à ces populations. Quand les conduites d’eau ont gelées cet hiver, nous avons fourni aux occupants des bouteilles d’eau, répondant ainsi à l’urgence. Quand la ville a été sollicitée par le Préfet pour l’installation de mobil homes sur la commune dans le cadre du dispositif Grand froid, nous avons été une des premières communes à accepter et nous avons largement communiqué pour faire savoir que ce dispositif concernait également les Roms.
Nous traitons la question des squats, à notre niveau, avec humanité. L’Etat et l’Union européenne laissent les collectivités gérer seules les problèmes d’hygiène, de sécurité et les risques sanitaires encourus par les conditions de vies précaires de ces populations. L’errance des Roms est une question nationale qui doit être traitée au bon niveau, sinon nous en serons réduits à mettre des pansements sur une jambe de bois (+ de 1000 Roms errent sur l’agglomération). J’ai plusieurs fois alerté le Préfet et demander une table ronde avec tous les acteurs pour traiter avec dignité et décence ces populations.
Chaque squat a ses propres problématiques. Nous avons eu à gérer en même temps sur la ville jusqu’à cinq squats. Jamais nous n’avions connu autant de nuisances que celui de Parilly. Les agents de la ville ou du Grand Lyon se faisaient agresser lorsqu’ils géraient l’évacuation des déchets (15 mètres cubes étaient évacués par semaine). Les habitants et les voisins étaient confrontés à une mendicité agressive que nous n’avions connue sur aucun autre squat. Le trouble à l’ordre public à proximité du squat était permanent et la population était exaspérée. Le maire ne peut pas faire la sourde oreille et se doit de l’entendre. Il faut à la fois tout tenir, le droit à une vie digne pour ces populations et la sécurité et à la tranquillité pour les habitants. Je me refuse à accepter des bidonvilles et la misère, c’est le sens de mon engagement sur ma ville. Vénissieux comporte plus de 53 % de logements sociaux et nous sommes confrontés chaque jour aux difficultés de vie de nos administrés : difficultés à se loger, à se nourrir, à se soigner. La dernière étude Compas a révélé que Vénissieux se trouvait à la 14ème place sur cent communes, avec un taux de pauvreté de 32 %. Ce n’est pas une surprise pour nous qui voyons chaque jour l’aggravation du niveau de vie des vénissians (3912 foyers touche le RSA sur la ville). Si vous consultiez mon site, vous verriez toutes les actions, initiatives que je mène pour lutter contre la pauvreté sur la ville. Je pense notamment aux arrêtés contre les expulsions locatives, les coupures d’eau et d’énergie, à la commission de lutte contre la grande pauvreté pour une vie digne, mise en place en 2008 et qui travaille avec les associations pour répondre à l’urgence sociale et au travail considérable des services sociaux de la ville (l’aide sociale a progressé de 20 % en un an, les réductions de cantine dans la même proportion). Mais accompagner la misère ne suffit pas, il faut aussi la combattre. C’est ce que je fais au quotidien, en dénonçant et en alertant sur une situation qui ne cesse de s’aggraver. Je n’ai donc en matière d’humanisme aucune leçon à recevoir.
Vous proposez un centre, un local pour installer des populations Roms et vous avez une solution toute faite : annuler des projets de la ville, des actions culturelles. Sachez que les vénissians ont élu l’équipe municipale sur un programme et que nous veillons à respecter cet engagement. Les vénissians ont aussi droit au « beau », à des équipements, à la culture…tant il est vrai que l’éducation la culture, le sport participent à la lutte contre l’exclusion et favorisent l’intégration. Dans un contexte où les budgets des collectivités sont restreints (dotations et subventions en baisse, transfert de charges sans contreparties financières), bien que nous soyons souvent confrontés à des choix cornéliens, nous gardons, à Vénissieux, le cap d’une politique sociale forte et ambitieuse.
Vous faites référence au communisme et à ses valeurs, il est évident que les Roms sont aussi des victimes du capitalisme. Mais le vrai sujet n’est pas de laisser les maires seuls gérer ces situations sur leurs territoires, mais bien de porter politiquement le débat au niveau national et européen, une union européenne ultra libérale plus soucieuse des capitaux que des peuples qui la compose. Dénoncer, agir, c’est le rôle du parti communiste et des forces de gauche. En tant que militante, je porte aussi ce débat dans mon parti. Il n’y a pas de fatalité à la misère. Le combat communiste, c’est le combat pour une vie digne.
J’espère que ces éléments vous permettront d’être un peu plus objectif sur l’action de la ville de Vénissieux et de son maire.
Recevez Monsieur mes salutations.
Michèle Picard
Maire de Vénissieux
http://www.michele-picard.com
Hôtel de Ville
5 avenue Marcel-Houël - 69200 VENISSIEUX
Tel : 04.72.21.45.20
Fax : 04.72.2145.15
Michèle, je vous remercie de l'attention que vous avez porté à mon courrier, je vais prendre le temps de vous répondre, car il y a deux trois ptites choses qui me turlupinent. Je souhaite le faire dans un état d'esprit constructif, tout simplement.
Amicalement
Serge