Publié le 18 Février 2012

 
 
 
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Harriet Tubman est née esclave dans le Comté de Dorchester dans le Maryland autour de 1820
À l'âge de cinq ou six ans, elle fut louée à une femme nommée "Miss Susan" chez laquelle elle fut quotidiennement victime de mauvais traitements. Sa mission consistait à veiller sur un bébé pendant son sommeil ; lorsqu’il s'éveillait en pleurant, elle était fouettée, ce qui produisit un jour cinq fois avant le petit déjeuner. Un autre jour, menacée pour avoir volé un morceau de sucre, Tubman se cacha dans la porcherie d'un voisin pendant cinq jours, se battant avec les animaux pour les restes de nourriture. Affamée, elle dut retourner chez Miss Susan où elle fut lourdement frappée. Elle porta les cicatrices de ces sévices pour le restant de sa vie.
  
  
 
  
LE BLUES DU DÉSESPOIR
[THE WEARY BLUES]
 
Fredonnant un air syncopé et nonchalant,
Balançant d'avant en arrière avec son chant moelleux,
J'écoutais un Nègre jouer.
En descendant la Lenox Avenue l'autre nuit
A la lueur pâle et maussade d'une vieille lampe à gaz
Il se balançait indolent...
Il se balançait indolent...
Pour jouer cet air, ce Blues du Désespoir.
Avec ses mains d'ébène sur chaque touche d'ivoire
Il amenait son pauvre piano à pleurer sa mélodie.
O Blues !
Se balançant sur son tabouret bancal
Il jouait cet air triste et rugueux comme un fou,
Tendre Blues !
Jailli de l'âme d'un Noir
O Blues !
 
D'une voix profonde au timbre mélancolique
J'écoutais ce Nègre chanter, ce vieux piano pleurer –
« J'n'ai personne en ce monde,
J'n'ai personne à part moi.
J'veux en finir avec les soucis
J'veux mettre mes tracas au rancart. »
Tamp, tamp, tamp ; faisait son pied sur le plancher.
Il joua quelques accords et continua de chanter –
« J'ai le Blues du Désespoir
Rien ne peut me satisfaire.
J'n'aurai plus de joie
Et je voudrais être mort. »
Et tard dans la nuit il fredonnait cet air.
Les étoiles disparurent et la lune à son tour.
Le chanteur s'arrêta de jouer et rentra dormir
Tandis que dans sa tête le Blues du Désespoir résonnait.
Il dormit comme un roc ou comme un homme qui serait mort.
 
 Langston Hughes
 
 
 
 
Après des années de traitements inhumains, Harriet Tubman réussit à s'échapper.
Elle fut assistée dans sa fuite par des sympathisants Quakers et d’autres membres du mouvement abolitionniste, Noirs comme Blancs, qui avaient organisé à un vaste réseau d’évasion connu sous le nom de Chemin de fer clandestin (Underground Railroad).
On croit que le début de cette activité remonte à 1787, lorsque Isaac T. Hopper, un quaker, commença à monter une organisation pour cacher et aider les fuyards. Les opposants à l'esclavage mettaient leur domicile, appelé Station, à la disposition des fugitifs. Ils y trouvaient abri, de quoi se restaurer et un peu d'argent pour poursuivre leur route. Les différentes routes traversaient quatorze états du Nord et du Canada. On estime que vers 1850, environ 3000 personnes travaillaient pour l'Underground Railroad.
 
 
Les propriétaires des plantations étaient contrariés par le grand nombre d'esclaves qui avaient réussi à s'échapper vers le Nord. Aussi, Firent-ils pression pour faire passer la loi sur les fugitifs (1850). Dans le futur, tout marshall fédéral qui n'appréhenderait pas un fugitif serait passible de 1000 dollars d'amende. Toute personne fournissant aide à un fugitif, soit en l'abritant, soit en lui pourvoyant de la nourriture ou quelque forme que ce soit d'assistance, serait pénalisé par 6 mois d'emprisonnement et 1000 dollards d'amende.
 
 
 
 
Parmis les "conducteurs", Harriet Tubman, est certainement la plus réputée, elle effectua 19 périples secrets dans le Sud au cours desquels elle mena plus de 300 esclaves vers la liberté. Harriet Tubman était percue comme une telle menace par les esclavagistes que les propriétaires des plantations avaient offert 40000 dollars de récompense pour sa capture.
Décèdée en 1913, elle est désormais inscrite au National Women's Hall of Fame.

 

 

 

 

 

 

 Comme quoi, dans les sociètés injustes, la désobéissance est un guide vers la Liberté !

 

 

 

 

 

 

 

 

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #Liberté

Publié le 13 Février 2012

 
 
 
 
 
à quand la déclaration des devoirs de l'être humain
abolition des inégalités
liberté
harmonie
partage
  
  
 La plus étrange des créatures
Comme le scorpion, mon frère,
Tu es comme le scorpion
Dans une nuit d’épouvante.
Comme le moineau, mon frère,
Tu es comme le moineau,
Dans ses menues inquiétudes.
Comme la moule, mon frère,
Tu es comme la moule
Enfermée et tranquille.
Tu es terrifiant, mon frère,
Comme la bouche d’un volcan éteint.
Et tu n’es pas, hélas,
Tu n’es pas cinq,
Tu es des millions.
Tu es comme le mouton, mon frère,
Quand le bourreau habillé de ta peau
Quand l’équarisseur lève son bâton
Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau
Et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier.
Tu es la plus étrange des créatures, en somme,
Plus drôle que le poisson
Qui vit dans la mer sans savoir la mer.
Et s’il y a tant de misère sur terre
C’est grâce à toi, mon frère,
Si nous sommes affamés, épuisés,
Si nous sommes écorchés jusqu’au sang,
Pressés comme la grappe pour donner notre vin,
Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non,
Mais tu y es pour beaucoup, mon frère.
***
Nazim Hikmet
 
 
 
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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #errances

Publié le 9 Février 2012

 
 
 
 
 
 
 
The Negro Speaks Rivers
 
 
J'ai connu des fleuves:
J'ai connu des fleuves anciens comme le monde et plus vieux
que le flux du sang humain dans les veines humaines.
Mon âme est devenue aussi profonde que les fleuves..
Je me suis baigné dans l'Euphrate quand les aubes étaient neuves.
J'ai bâti ma hutte près du Congo et il a bercé mon sommeil.
J'ai contemplé le Nil et au-dessus j'ai construit les pyramides.
J'ai entendu le chant du Mississippi quand Abe Lincoln descendit
à la Nouvelle-Orléans, et j'ai vu ses nappes boueuses transfigurées
en or au soleil couchant.
J'ai connu des fleuves:
Fleuves anciens et ténébreux.
Mon âme est devenue aussi profonde que les fleuves.
 
Langston Hughes (1er février 1902 — 22 mai 1967)
 
 
 
 
 

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #errances

Publié le 7 Février 2012

 
Petite ballade dans l'ouest Irlandais ...
 
 
 
 
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 Située au bout de la péninsule de Beara, à une heure de Glengarriff, l’île de Dursey est l’île habitée la plus à l’Ouest de l’Irlande. Elle ne compte qu’une dizaine d’habitants, et est réputée pour son calme. Les vacanciers y viennent pour se reposer loin des foules de certains grands sites irlandais.
 
 
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"Je suis sûre que vous n'aimeriez pas passer l'hiver ici. C'est un triste endroit en hiver, rien d'autre que la plaisante musique de la mer déchaînée et le vacarme du vent, mais c'est pour tout ça que je l'aime parce que, mon cher ami, rien ne vaut son chez-soi. Ma petite maison au pied de la montagne, et le jour où je devrai la quitter ne sera pas pour moi un jour plaisant. Je pense que ce jour-là mon cœur se brisera."
 
Elisabeth O'Sullivan - Lettres de la Grande Blasket
 
 
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Le plus simple est de s'y rendre à pieds ...
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Afin de rallier le territoire principal d’Irlande, un Téléphérique fut donc construit en 1969. Ce Téléphérique présente la particularité d’être l’unique téléphérique de tout le pays. Le ticket aller/retour ne coûte pas très cher environ 4€ pour une personne adulte. Le Téléphérique est dimensionné pour une capacité de six personnes ou de trois personnes et une vache. A la réalisation de cet appareil, plusieurs vieilles personnes habitant furent sceptiques à la sur ce Téléphérique. Certains le surnommèrent une canette suspendue à des câbles téléphoniques. Cependant à l’inauguration, en la présence du Premier Ministre Irlandais de l'époque, tout se passa bien et les personnes dans l’assistance furent surpris de ne pas voir la cabine plonger dans l'océan.
 Le téléphérique n’est pas un appareil luxueux mais un moyen pratique de rejoindre le territoire principal d’Irlande. Les locaux qui l’empruntent régulièrement de notre jours disent qu’ils voyagent dans une « grosse boite à biscuits » ou alors qu’ils « traversent dans un placard ». Le Téléphérique est pratiquement ouvert toute l’année dès que les conditions météorologiques le permettent. Toutefois il existe un régime spécial sur cet appareil. Les insulaires sont prioritaires quand ils ont besoin d’emprunter cet appareil. Les touristes pourront quand a eux admirer la cote sauvage ainsi que certains vestiges historique comme l’ancien château des O’Sullivan .
 
 
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 Vous ne trouverez ni hébergements, ni magasins, mais vous pourrez y faire de superbes promenades, et trouverez facilement un endroit où camper. Enfin, l’île est aussi un paradis pour les observateurs d’oiseaux.
 
 
macareux moine
 
 
 

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #voyage

Publié le 6 Février 2012

 
 
Kateb Yacine, instruit dans la langue du colonisateur, considérait la langue française comme le « butin de guerre » des Algériens. « L’usage de la langue française ne signifie pas qu’on soit l’agent d’une puissance étrangère, et j’écris en français pour dire aux français que je ne suis pas français », déclarait-il en 1966. Considéré comme l’un des fondateurs de la littérature maghrébine moderne en langue française, Kateb Yacine, militant anticolonialiste, a également écrit en arabe et en berbère. Il a, dans son œuvre, voulu traduire l’identité et les aspirations profondes de son peuple.
(source Afrik.com)
 
 
 
 
POUSSIÈRES DE JUILLET
 
Le sang
Reprend racine
Oui
Nous avions tout oublié
Mais notre terre
En enfance tombée
Sa vieille ardeur se rallume
 
Et même fusillés
Les hommes s’arrachent la terre
Et même fusillés
Ils tirent la terre à eux
Comme une couverture
Et bientôt les vivants n’auront plus où dormir
 
Et sous la couverture
Aux grands trous étoilés
Il y a tant de morts
Tenant les arbres par la racine
Le cœur entre les dents
 
Il y a tant de morts
Crachant la terre par la poitrine
Pour si peu de poussière
Qui nous monte à la gorge
Avec ce vent de feu
 
N’ enterrez pas l’ancêtre
Tant de fois abattu
Laissez-le renouer la trame de son massacre
 
Pareille au javelot tremblant
Qui le transperce
Nous ramenons à notre gorge
La longue escorte des assassins.
 
 
Kateb Yacine
 
 
Au poing tendu de l'âge tendre
A la frimousse des héroïnes en herbe
A l'école de la belle étoile
A la cinquième année du massacre
 
La bannière étoilée a retrouvé ses origines
C'est l'Algérie plus libre que jamais
Elle a toujours été libre
Ironiquement souveraine
Armée par l'ennemi
Prisonnier de ses propres pièges
 
Devant ce peuple matinal
Les abattoirs promènent
Des légions de chiens ivres
 
Il y aurait de quoi pleurer
N'étaient les yeux qui s'ouvrent
N'était la grève des larmes
 
Ce n'est pas la lligne Morice
Qui tue
C'est le mortier bien nourri
Les grottes flamboyantes
Les caravanes de la nuit
C'est le sourire au combat
Et la Joconde ignorée
 
Visages
Quel feu vous créa
Si cruellement confiants !
Ce feu
C'est le secret de tous les sacrifices
 
Partout déferle
Et se révèle
L'armée inespérée
Des paysans sans terre
Et le vieillard sort de ses ruines
Pour offrir son dernier mouton
 
Ce soir on danse à la lueur
Des lendemains de combat
Ce feu
C'est le secret de tous les sacrifices
 
Le jour se lève
Oublier la misère
Les loques
La main tendue
Les souliers qui font mal
Oublier l'âge des cavernes
Et soulever toujours le poing du peuple
Dans le crépitement du brasier souterrain
 
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KATEB YACINE
 
 
 
 
 

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #poèsie