Jorge Antonio Cafrune (né à Jujuy, Argentine, le 8 août 1937 - mort à Tigre, Argentine, le 1er février 1978), surnommé El Turco (Le Turc), fut un des chanteurs du folklore argentin les plus populaires de son époque, ainsi qu'un infatigable chercheur et compilateur de la culture de son pays. Jorge Cafrune est né au sein d'une famille d'origine arabe puisque ses grands-parents étaient originaires de Syrie et du Liban. C'est la raison pour laquelle il a été surnommé Le Turc, surnom donné habituellement en Argentine aux descendants de familles arabes. Dans les années 1970, Jorge Cafrune passe plusieurs années en Espagne où il épouse Lourdes López Garzón. Il retourne en Argentine en 1977, alors que le pays est gouverné par le dictateur Jorge Rafael Videla. Lors du festival de Cosquín (janvier 1978), son public lui demande une chanson alors interdite (Zamba de mi esperanza). Cafrune accepte de l'interpréter, en affirmant que "si son peuple lui demande cette chanson, il la lui chante". Teresa Celia Meschiati affirme que cela déplut au régime militaire en place. Le lieutenant Carlos Enrique Villanueva affirme qu'il fallait supprimer Cafrune "comme exemple pour les autres". Le 31 janvier 1978, voulant rendre hommage à José de San Martín, Cafrune entreprit une traversée à cheval pour se rendre à Yapeyú, lieu de naissance du libérateur. Cette nuit-là, il fut renversé près de Benavídez par une camionnette conduite par un jeune homme de 19 ou 20 ans, Héctor Emilio Díaz. Cafrune mourut quelques heures plus tard. Bien que cela n'ait jamais été prouvé, cet accident est en général considéré comme un attentat dû au régime militaire de l'époque.
Source : WIKIPEDIA
Milonga del fusilado
( Traduction libre de Franck Conroy )
Ne me demandez pas qui je suis
Ni si vous m’avez connu.
Les idéaux que j'ai chéris
Grandiront bien que je ne sois plus.
Parti au loin, je demeure
En compagnie de nos rêves.
Et d'autres qui de combattre n’ont de trêves,
Verront naitre d’autres roses ...
Au nom de toutes ces choses
Mon nom sera le seul qui ne meure.
Ne me rappeler pas le visage,
Qui fut mon masque de guerre,
Alors que pourrissait sur ma terre,
La violence et les outrages.
La tête haute je monte au ciel
Et je le vois s’éclaircir
Bien peu m’ont entendu rire
Je pars avec un rire ignoré...
Vous le verrez à l’orée
Du nouveau jour qui se lève.
Ne demandez pas mon âge
Je porte les années de mes frères,
J’ai choisi à ma manière
D’être plus vieux que mon âge.
Si ma jeunesse vous touche,
Rangez mes ans et mes cartouches.
Je renais dans tout martyr,
Dans tout mon cœur du peloton de tir
Je renais alors dans les années
De l’enfant que j’ai libéré.
Ne cherchez pas une tombe
Non plus qu’un cimetière ou m’enterrer
Mes mains ont rejoint les poings serrés,
Ma voix, celles qui grondent
Mes rêves, ceux qui restent entiers,
Sachez que je ne meure vraiment,
Que si vous levez un drapeau blanc,
Car mort dans la fusillade
Je revis dans chaque camarade
Je possede tout
(Horacio Guarani)
Je possède tout;
Mais jamais je n’ai rien.
Je fais la lumière, je fais feu
Je fais du vent et de l'eau.
Mes mains travaillent le bois
Lui font faire des merveilles.
Je suis celui qui trempe l'acier
Et qui jette la semence.
Je fais la chaise et la table
Et toujours rien pour m'asseoir.
En somme, je n’ai plus
Que le droit de suer.
Je fais le palais, et mes enfants
Dorment dans des ranchs en ferraille.
Je suis le marteau, la hache, la tenaille,
La pince, la cuillère et la houe.
Je possède tout;
Mais jamais je n’ai rien..
Le jour où je serai fatigué,
Bruleront les flammes!