Publié le 29 Octobre 2013
Euh, en fait, ça marche pareil pour le crédit Lyonnais !
Donnez moi la vie que j'aime le long de ma route un ruisseau donnez moi le ciel joyeux et le chemin de traverse ...
Publié le 29 Octobre 2013
Euh, en fait, ça marche pareil pour le crédit Lyonnais !
Publié le 28 Octobre 2013
Prière à l'inconnu
Voilà que je me surprends à t’adresser la parole,
Mon Dieu, moi qui ne sais encore si tu existes
Et ne comprends pas la langue de tes églises chuchotantes.
Je regarde les autels, la voûte de ta maison,
Comme qui dit simplement: voilà du bois, de la pierre,
Voilà des colonnes romanes.
Il manque le nez à ce saint.
Et au-dedans comme au-dehors, il y a la détresse humaine.
Je baisse les yeux sans pouvoir m’agenouiller pendant la messe,
Comme si je laissais passer l’orage au-dessus de ma tête.
Et je ne puis m’empêcher de penser à autre chose.
Hélas ! j’aurai passé ma vie à penser à autre chose.
Cette autre chose, c’est encore moi.
C’est peut-être mon vrai moi-même.
C’est là que je me réfugie.
C’est peut-être là que tu es.
Je n’aurai jamais vécu que dans ces lointains attirants.
Le moment présent est un cadeau dont je n’ai pas su profiter.
Je n’en connais pas bien l’usage.
Je le tourne dans tous les sens,
Sans savoir faire marcher sa mécanique difficile.
Mon Dieu, je ne crois pas en toi, je voudrais te parler tout de même.
J’ai bien parlé aux étoiles, bien que je les sache sans vie,
Aux plus humbles des animaux, quand je les savais sans réponse,
Aux arbres qui, sans le vent, seraient muets comme la tombe.
Je me suis parlé à moi-même, quand je ne sais pas bien si j’existe.
Je ne sais si tu entends nos prières, à nous les hommes,
Je ne sais si tu as envie de les écouter.
Si tu as, comme nous, un coeur qui est toujours sur le qui-vive
Et des oreilles ouvertes aux nouvelles les plus différentes
Je ne sais pas si tu aimes à regarder par ici.
Pourtant je voudrais te remettre en mémoire la planète terre
Avec ses fleurs, ses cailloux, ses jardins et ses maisons
Avec tous les autres et nous qui savons bien que nous souffrons.
Je veux t’adresser sans tarder ces humbles paroles humaines
Parce qu’il faut que chacun tente à présent tout l’impossible.
Même si tu n’es qu’un souffle d’il y a des milliers d’années
Une grande vitesse acquise
Une durable mélancolie
Qui ferait tourner encore les sphères dans leur mélodie
Je voudrais, mon Dieu sans visage et peut-être sans espérance
Attirer ton attention parmi tant de ciels vagabonde
Sur les hommes qui n’ont pas de repos sur la planète.
Ecoute-moi ! Cela presse. Ils vont tous se décourager
Et l’on ne va plus reconnaître les jeunes parmi les âgés
Chaque matin, ils se demandent si la tuerie va commencer.
De tous côtés, l’on prépare de bizarres distributeurs de sang de plaintes et de larmes
L’on se demande si les blés ne cachent pas déjà des fusils.
Le temps serait-il passé où tu t’occupais des hommes ?
T’appelle-t-on dans d’autres mondes, médecin en consultation,
Ne sachant où donner de la tête
Laissant mourir sa clientèle ?
Ecoute-moi ! Je ne suis qu’un homme parmi tant d’autres.
L’âme se plait dans notre corps,
Ne demande pas à s’enfuir dans un éclatement de bombe.
Elle est pour nous une caresse, une secrète flatterie.
Laisse-nous respirer encore sans songer aux nouveaux poisons
Laisse-nous regarder nos enfants sans penser tout le temps à la mort.
Nous n’avons pas du tout le coeur aux batailles, aux généraux.
Laisse-nous notre va-et-vient, comme un troupeau dans ses sonnailles,
Une odeur de lait frais se mélant à l’odeur de l’herbe grasse.
Ah ! si tu existes, mon Dieu, regarde de notre côté.
Viens te délasser parmi nous.
La terre est belle, avec ses arbres, ses fleuves et ses étangs,
Si belle, que l’on dirait que tu la regrettes un peu
Mon Dieu, ne va pas faire la sourde oreille
Et ne va pas m’en vouloir si nous sommes à tu et à toi
Si je te parle avec tant d’abrupte simplicité.
Je croirais moins qu’en tout autre en un Dieu qui terrorise.
Plus que par la foudre, tu sais t’exprimer par les brins d’herbe
Et par les jeux des enfants et par les yeux des ruisseaux.
Ce qui n’empêche pas les mers et les chaînes de montagnes.
Tu ne peux pas m’en vouloir de dire ce que je pense
De réfléchir comme je peux sur l’homme et sur son existence
Avec la franchise de la terre et des diverses saisons
Et peut-être de toi-même dont j’ignorerais les leçons
Je ne suis pas sans excuses
Veuille accepter mes pauvres ruses
Tant de choses se préparent sournoisement contre nous
Quoi que nous fassions, nous craignons d’être pris au dépourvu
Et d’être comme le taureau
Qui ne comprend pas ce qui se passe
Le mène-t-on à l’abattoir
Il ne sait où il va comme ça
Et juste avant de recevoir le coup de mort sur le front
Il se répète qu’il a faim et brouterait résolument
Mais qu’est-ce qu’ils ont ce matin avec leurs tabliers pleins de sang
A vouloir tous s’occuper de lui ?
***
Jules Supervielle (1884-1960) – La Fable du monde (1938)
Publié le 27 Octobre 2013
En avril 1915, débute la bataille de Gallipoli (ou bataille des Dardanelles) qui opposa les forces Australiennes et Néo-zélandaises à l'armée Turque.
120 000 morts dont 70 000 turcs
Voici deux versions de "Waltzing Mathilda" chanson écrite en 1972 par Eric Bogle (Ecossais émigré en Australie), qui rend hommage au victimes Australiennes de ce carnage...
Quand j'étais un jeune homme j'ai porté mon sac
Et j'ai vécu la vie libre d'un vagabond
Des verdoyants bassins de Murrays à la savane poussiéreuse
Et ma couverture valsa tout du long
Mais en 1915 mon pays dit désolé fils
Il est temps d'arrêter de divaguer car il y a du travail qui doit être fait
Alors ils m'ont donné un casque en étain et un fusil
Et ils m'ont envoyé au loin à la guerre
Et le groupe jouait Waltzing Matilda
Tandis que nous nous éloignons du quai
Et au milieux de toute les larmes, de tout les cris et de tout les remerciements
Nous sommes partis pour Galipoli
Et ô combien je me souviens de ce terrible jour
Comment le sang tacha le sable et l'eau
Et comment dans cette ville qu'ils appellaient Sulva bay
Nous fûmes charcutés comme des agneaux à l'abattoir
L'étranger turc était prêt il s'était bien préparé
Il nous chassa avec des balles et fit pleuvoir des bombes
Et en 5 petites minutes il faillit nous envoyer tous en enfer
Il nous souffla presque jusqu'en Australie
Mais le groupe jouait Waltzing Matilda
Tandis que nous arrêtions d'enterrer nos morts
Nous avons enterré les notres et les turcs les leurs
Et nous avons encore recommencé
Maintenant ceux qui ont été laissés eh bien nous essayions de survivre
Dans un monde mauvais de mort sanglante et de feu
Et pendant 10 semaines épuisantes je me suis gardé en vie
Mais autour de moi les corps s'empilaient plus haut
Alors un bombardement turc me blessa au cul
Et je me suis réveillé dans mon lit d'hopital
J'ai vu ce que ça avait fait et j'ai souhaité être mort
Je n'avais jamais su qu'il y avait des choses pires que mourir
Car je ne ferais plus valser ma couverture autour de moi
Tout autour des verts buissons loins et près
Pour porter sa tente et ses piquets un homme à besoin de ses deux jambes
Plus de Waltzing Matilda pour moi
Alors ils ont collectés les estropiés, les blessés, les mutilés
Et il nous renvoyé à la maison en Australie
Le manchot, le cul-de-jatte, l'aveugle, le fou
Ces fiers heros blessés de Sulva
Et tandis que nos vaisseaux étaient tirés dans Circular Quay
J'ai regardé l'endroit où mes jambes avaient pour habitude d'être
Et j'ai remercié le Christ qu'il n'y ait personne qui m'attendais
Pour me plaindre, pour pleurer et pour avoir pitié
Et le groupe jouait Waltzing Matilda
Tandis qu'ils nous portaient en descendant l'allée
Mais personne ne remercia ils se tinrent juste et fixèrent
Et ils détournèrent leurs visages
Et maintenant à chaque Avril je m'assois sous mon porche
Et je regarde la parade passer devant moi
Et je regarde mes vieux camarades marcher fièrement
Se remmémorant des vieux rêves de gloire passée
Et les vieux hommes marchent lentement tous courbés, raides et endoloris
Les héros oubliés d'une guerre oubliée
Et les jeunes gens demandent "Pourquoi marchent ils ? "
Et je me pose la même question
Et le groupe joua Waltzing Matilda
Et le vieil homme répond à l'appel
Mais année après année leur nombre diminue
Un jour plus personne ne marchera là
Waltzing Matilda
Waltzing Matilda
Waltzing Matilda
Waltzing Matilda
Qui viendra faire balancer sa couverture avec moi
Et leurs fantômes doivent être entendus tandis que tu passe le Billabong
Qui viendra faire balancer sa couverture avec moi
Publié le 23 Octobre 2013
Cet article est reposté depuis coco Magnanville.
.........Ils n’iront plus brouter l’herbe de cette île lointaine
Qui envoûtait leurs rêves d’un parfum d’aventure........
La suite :
Publié le 11 Octobre 2013
Publié le 7 Octobre 2013
L’association C.L.A.S.S.E.S accompagne les familles vivant dans des cabanes, des tentes, des squats, sous des ponts, dans des jardins publics, qui souhaitent que leurs enfants aillent à l’école comme ils en ont le droit et l’obligation. Les formalités administratives ne sont pas simples lorsqu’on ne parle pas français, qu’on ne sait pas lire et surtout lorsqu’on ne peut pas présenter une quittance de loyer ou une facture EDF. Une fois les enfants inscrits nous nous efforçons de soutenir leur assiduité.
L’action de C.L.A.S.S.E.S a démarré il y a maintenant 7 ans et les bénévoles de l’association connaissent bien des familles vivant sur le territoire du Grand Lyon, déménageant au gré des expulsions, évacuations, incendies, hébergements temporaires.
Au 30 avril dernier, 261 enfants suivis par C.L.A.S.S.E.S étaient inscrits à l’école ce qui ne signifie pas qu’ils y étaient tous présents car leurs conditions de vie perturbent souvent la fréquentation scolaire. Une centaine d’autres enfants, connus de C.L.A.S.S.E.S, n’étaient pas encore inscrits, ou étaient en cours d’inscription.
Qu’en est-il à cette rentrée scolaire ?
La majorité des enfants scolarisés l’an dernier ou en attente de scolarisation auraient dû faire leur rentrée normalement, en même temps que les autres enfants, soit environ 350 enfants. Malheureusement ce n’est pas le cas.
Entre temps, les familles hébergées dans le cadre du Plan Froid ont été mises à la rue. Les familles d’un grand squat de Saint-Priest ont dû partir ; beaucoup sont allées rejoindre le terrain de la rue Salengro à Vaulx-en-Velin. Lorsque qu’une partie de celui-ci a brûlé, puis que la totalité du terrain a été évacuée, les familles se sont une nouvelle fois dispersées : certaines sont allées grossir le terrain de Saint-Fons, d’autres errent encore dans l’agglomération, dormant dehors, une nuit ici, une nuit là. Celles hébergées par la Préfecture l’ont été parfois dans des hôtels isolés, à proximité des autoroutes, loin des écoles et des associations pouvant leur venir en aide. Les familles d’un squat de Vaise dont nous avions réussi à scolariser à peu près tous les enfants, grâce à la coopération avec la mairie du 9e ont elles aussi été mises dehors sans solution. Plusieurs d’entre elles se trouvent en squat à Villeurbanne.
Ces mises à la rue, ces évacuations, ces déplacements de population ont des conséquences négatives évidentes sur la scolarisation : des enfants scolarisés à Villeurbanne-nord vivent maintenant à St Fons ; des enfants scolarisés à Givors se retrouvent sous tente à Vénissieux, après un mois d’errance. Des enfants scolarisés à Vaise ont été retrouvés à Villeurbanne, et il faut chercher de nouvelles écoles pour les accueillir. Ceux-là ne seront sans doute pas déscolarisés, mais ils vont perdre un mois d’école, ils auront perdu leurs copains, leurs repères. D’autres, trop loin d’un établissement scolaire ne pourront pas retourner à l’école.
Deux semaines après la rentrée il est difficile d’avancer des chiffres précis, mais nous estimons que, pas plus de 70 à 80 des enfants suivis par C.L.A.S.S.E.S l’an dernier ont fait leur rentrée normalement. Quel gâchis !
A contrario, on peut citer le terrain de La Feyssine, stable depuis maintenant 2 ans et demi, malgré des alertes périodiques qui alimentent l’inquiétude. La rentrée scolaire a pu y être préparée correctement : 3 filles sont au collège, 15 enfants vont à l’école élémentaire, 8 enfants sont inscrits à l’école maternelle. Ne sont pas scolarisés : les petits de 3 et 4 ans et les jeunes de plus de 14 ans, non scolarisés en primaire et qui n’ont pas trouvé de place en collège.
Dans le même temps tous les politiques répètent que la scolarisation des enfants est un impératif, et que la « gestion » des bidonvilles doit en tenir compte et la faciliter.
La seule avancée que nous constatons cette année se trouve du côté de l’Education nationale : 3 classes ont été ouvertes en collège pour des enfants ne maîtrisant pas le français et ne sachant pas lire, c’est un progrès. Par ailleurs sur le terrain de Saint-Fons qui a considérablement grossi, l’Education nationale se préoccupe de repérer les enfants qui ne sont pas scolarisés pour, nous l’espérons, leur trouver des solutions rapidement.
Le droit à l’éducation est un droit fondamental pour chacun ; il ne suffit pas de le déclarer, il faut prendre les mesures nécessaires pour le mettre en œuvre effectivement. C’est ce que demande l’association C.L.A.S.S.E.S au Préfet, représentant de l’Etat sur notre territoire.
A Lyon le 16 septembre 2013
C.L.A.S.S.E.S
Collectif Lyonnais pour l’Accès à la Scolarisation et le Soutien aux Enfants des Squats
classes069-at-gmail.com
Photos : Jean-Philippe Ksiazek
Publié le 4 Octobre 2013
Petit-fils d'un métayer Mississippi, Ben Prestage a été trempé dans la tradition du blues et de la culture Mississippi depuis sa naissance.
Étiqueté comme «l'un des trois meilleurs artistes non signés dans le monde» à l'international 2006 Blues Challenge, ce multitâche musical semble aussi à l'aise en jouant pour les masses des festivals tentaculaires de musique en plein air mais aussi en divertissant les foules intimes dans une taverne locale ou en jouant gratuitement pour les passants sur les trottoirs de Key West...
Publié le 3 Octobre 2013
Lu sur L'humanité :
"Quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de cœur. C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français de fraîche date que tu es. C’est un fils de «brigadiste» qui se rappelle à toi. Souviens-t’en: «Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir.» Par Jean-Claude Lefort, Député honoraire, Fils de Manouche.
La tribune:
Manuel, tu as déclaré hier soir, sur BFMTV, que la situation était très différente pour toi, relativement à celle des Roms, car ta famille espagnole était venue en France pour fuir le franquisme.
Tu as été naturalisé français en 1982. Franco est mort en 1975. Sept ans avant ta naturalisation. Quand tu es devenu français, il n’y avait donc plus de dictature en Espagne. Tu avais donc « vocation », selon tes mots, à retourner dans ton pays de naissance, en Espagne. Tu ne l’as pas fait et je comprends parfaitement, de même que je comprends totalement ton souhait de devenir français. Cela sans l’ombre d’un doute.
Tu avais «vocation» à retourner à Barcelone, en Espagne où tu es né, pour reprendre tes propos qui concernaient uniquement les Roms. Celui qui t’écrit, en ce moment, est un Français d’origine manouche par son père. Mon père, manouche et français, est allé en 1936 en Espagne pour combattre le franquisme, les armes à la main, dans les Brigades internationales. Pour la liberté de ton pays de naissance, et donc celle de ta famille. Il en est mort (1), Manuel. Des suites des blessures infligées par les franquistes sur le front de la Jarama, en 1937. Je ne te demande aucun remerciement, ni certainement pas la moindre compassion. Je la récuse par avance. Je suis honoré en vérité qu’il ait fait ce choix, quand bien même il a privé ma famille de sa présence alors que je n’avais que neuf ans et ma sœur, dix-huit.
La guerre mondiale est venue. Et les camps nazis se sont aussi ouverts aux Tziganes. Tu le sais. Mais un nombre énorme de Manouches, de Gitans et d’Espagnols se sont engagés dans la Résistance sur le sol français. Ton père aurait pu en être. Il en avait l’âge puisque il est né en 1923. Georges Séguy et d’autres sont entrés en résistance à seize ans. Je ne lui reproche aucunement de ne pas l’avoir fait, bien évidemment. Mais je te demande le respect absolu pour celles et ceux qui se sont engagés dans la Résistance contre le franquisme, puis ensuite contre le nazisme et le fascisme. Contre ceux qui avaient fait Guernica. Et pourtant, à te suivre, ils avaient «vocation» à retourner ou à rester dans leur pays d’origine, ces «étrangers, et nos frères pourtant»…
Manuel, «on» a accueilli la Roumanie et la Bulgarie dans l’Union européenne alors que ces pays ne respectaient pas, et ne respectent toujours pas, un des fondamentaux pour devenir ou être membre de l’Union européenne: le respect des minorités nationales. Sensible à cette question pour des raisons évidentes, je m’en étais fortement inquiété à l’époque. En tant que député, je suis allé à Bruxelles, auprès de la Commission, pour prouver et dire que ces pays ne respectaient pas cette clause fondamentale. On m’a souri au nez, figure-toi.
Et aujourd’hui, dans ces pays, la situation des Roms s’est encore aggravée. Pas améliorée, je dis bien «aggravée». Et ils ont «vocation» à rester dans leurs pays ou à y revenir? C’est donc, pour toi, une espèce humaine particulière qui pourrait, elle, supporter les brimades, les discriminations et les humiliations de toutes sortes? Ces pays d’origine ne sont pas des dictatures, c’est certain. Mais ce ne sont pas des démocraties pleines et entières pour autant. Alors toi, l’Espagnol devenu français, tu ne comprends pas? Fuir son pays, tu ne comprends pas? Toi, tu ne comprends pas que personne n’a «vocation» à rester ou revenir dans son pays? Sauf si tu es adepte de conceptions très spéciales, à savoir que ce qui vaudrait pour un Roumain ne vaudrait pas pour un Espagnol. Tu sais pourtant que le mot «race» va disparaître de nos lois. À juste titre car il n’y a pas de races, juste une espèce humaine. Et les Roms en sont.
La fermeté doit s’exercer là où se trouvent les responsabilités. Pas sur de pauvres individus qui n’en peuvent plus. Savoir accueillir et savoir faire respecter nos lois ne sont pas deux concepts antagoniques. Mais quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de cœur. C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français de fraîche date que tu es. C’est un fils de «brigadiste» qui se rappelle à toi. Souviens-t’en: «Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir.»
Pour l’heure, Manuel, j’ai la nausée. Tes propos me font gerber, même pire. Nos pères auraient donc fait tout ça pour rien ou pour «ça»?
Ils sont morts pour la France, Manuel. Pour que vive la France. Inclus «ces étrangers, et nos frères pourtant».
(1) En 1953
Publié le 1 Octobre 2013
Quelques mots d'André Laude qui vont si bien à m ...
si j’écris c’est pour que ma voix vous parvienne
voix de chaux et sang voix d’ailes et de fureurs
goutte de soleil ou d’ombre dans laquelle palpitent nos sentiments
si j’écris c’est pour que ma voix vous arrache
au grabat des solitaires, aux cauchemars des murs
aux durs travaux des mains nageant dans la lumière jaune du désespoir
si j’écris c’est pour que ma voix où roulent souvent des torrents de blessures
s’enracine dans vos paumes vivantes, couvre les poitrines d’une fraîcheur de jardin
balaie dans les villes les fantômes sans progéniture
si j’écris c’est pour que ma voix d’un bond d’amour
atteigne les visages détruits par la longue peine le sel de la fatigue
c’est pour mieux frapper l’ennemi qui a plusieurs noms.
In Œuvre poétique, Vers le matin des cerises, p.267