Sunday Music

Publié le 10 Mars 2013





Kevin Barry a été pendu par l’occupant le 1er novembre 1920, à l’âge de 18 ans. Il était membre de l’IRA. Dans la biographie écrite par Seán Cronin, on peut lire quelques uns des écrits de Kevin Barry, lycéen, qui montrent quelle pouvait être la pensée d’un jeune militant de l’IRA vers 1919.
Les essais scolaires de Kevin Barry révèlent bien quel type de personne il était. Elles montrent un jeune homme qui méditait profondément sur de nombreux sujets : sur la politique, les gens, la vie elle-même.
Devant rédiger un essai sur le thème de la « Royauté », il écrivit : « Le dernier vestige de ce mal venu des temps où le peuple, la vile populace, était vue comme du rebut, comme des animaux au service du puissant roi et de ses mignons. De cette époque où tout le monde croyait, ou était forcé de croire, au Droit Divin des Rois » (…) « Nous vivons une époque qui voit le déclin de ce despotisme », poursuit l’essai. « Dans une époque où les gens reviennent à eux-mêmes, où le travailleur, épine dorsale de toute nation, a la même voix et le même droit de vivre que les gentilshommes qui autrefois avaient un pouvoir presqu’absolu (…) La croyance au Droit Divin des Rois s’éloigne et meurt et les trônes d’Europe sont en train de vaciller. Des idées qui auraient choqué nos ancêtres adorateurs de rois flottent aujourd’hui dans les airs. Liberté, Egalité, Fraternité, la devise de la deuxième plus grande république du monde, deviendra bientôt le cri de guerre commun et nous espérons que notre petite île ne changera pas ses sentiments actuels en ce qui concerne la royauté. »
kevinbarryDans un essai appelé « Les préjugés », il considère le problème sous trois angles : raciaux, religieux et personnels. Le jeune essayiste pensait que les préjugés raciaux étaient les pires de tous : « En général, ils cachent quelque chose d’encore pire : l’oppression, ou tyrannie. Ils sont divisés en deux classes : ceux de l’homme blanc contre son frère de couleur, puisqu’il s’agit d’un frère, qu’il soit noir, rouge ou jaune ; et ceux de l’homme blanc contre un autre homme blanc d’une autre nation. Les deux ensemble sont à l’origine de nombreuses guerres et massacres, parmi les pires de l’histoire du monde.
Dans un essai sur le thème de « l’agitation ouvrière », le jeune Kevin Barry affirmait ce qui suit :
« Nous traversons aujourd’hui une crise qui n’a pas de précédents dans l’histoire du monde. C’est le point culminant de quatre ans de disette, de privation et de mauvais gouvernement, la némésis qui attendait les profiteurs de guerre, les carriéristes et les capitalistes accapareurs. Il s’agit probablement du début de la fin de l’aristocratie. Il est intéressant d’étudier ce grand soulèvement, ses causes, ses effets et ses possibles remèdes. C’est intéressant également parce que cela marque le triomphe du Travail, du trade-unionisme et, comme le dit le torchon de Martin Murphy, du syndicalisme [révolutionnaire]. Lorsqu’on prend la mesure de l’immensité du trouble, le fait que dans la seule ville de Belfast, 95.000 ouvriers sont en grève, le fait que toute la ville est paralysée et que tout le pays pourrait être paralysé en une heure si la décision était prise, on est frappé de la force formidable de ce système et on peut comprendre la grande joie du mouvement ouvrier.
Les causes de la grève ne sont pas difficiles à découvrir. Dans neuf cas sur dix, on trouvera que leur cause, c’était la faim. Celle-ci peut provenir de deux causes : de mauvais salaires ou un mauvais gouvernement. Dans les temps anciens, il s’agissait de cette dernière. La crise d’aujourd’hui est le produit de la première. Il n’y a pas de remède face à une grève, à part accéder aux exigences des grévistes. Cela peut sembler étrange, mais c’est le bon sens qui l’impose, comme le prouvera un bref examen des dernières grèves. Si les grévistes sont battus, ils retournent au travail renfrognés et pleins de rancœur, et il faut peu de temps avant qu’ils ne repassent à l’action. Mais la procédure habituelle consiste à élire un arbitre pour arranger un compromis. Nous autres, à Dublin, avons fait l’expérience d’une grève qui a été considérée par le monde entier comme « la grève modèle ».
Lorsque W.M. Murphy refusa de reconnaître le syndicat des conducteurs de tramway, ils se mirent en grève, rejoints en cela par tous les syndicalistes de Dublin. Tout autour du monde, les socialistes apportèrent leur soutien, et le Hare, un bateau chergé de vivres, leur fut envoyé ; de même, de l’argent leur fut envoyé de partout pour les aider à tenir bon. Ce qu’ils firent mordicus, jusqu’à leur victoire ou quasi-victoire, puisque le syndicat des tramways fut reconnu. Par conséquent, nous eûmes une preuve éclatante du pouvoir du mouvement ouvrier et nous fîmes l’expérience du pouvoir d’un agitateur, dans la personne du merveilleux leader James Larkin et de son lieutenant capable, le commandant James Connolly. »
Cette prose était assez osée pour le lycée du Belvedere. Le professeur d’anglais de Kevin n’a rien écrit sur la copie, mais il n’a pas vraiment flatté l’essayiste, en ne lui donnant que 60/100. [11,5/20].

Source : http://liberationirlande.wordpress.com/


Une chanson très célèbre en Irlande rend hommage au martyr de Kevin.
En voici deux versions :

L'une traditionnelle par Irish Folk


KEVIN BARRY

A la prison de Mountjoy un lundi matin

Là-haut sur le gibet

Kevin Barry a donné sa jeune vie

A la liberté

Mais pour un gars de dix-huit étés

Personne ne peut le nier

Comme il marchait à la mort ce matin

Il gardait fièrement la tête haute

 

Juste avant qu'il ne rencontre le bourreau

Dans sa triste cellule

Les soldats britanniques ont torturé Barry

Car il ne donnait pas

Les noms de ses braves compagnons

Et d'autres choses qu'ils voulaient savoir

"Espionne pour nous ou nous te tuerons"

Kevin Barry répondit, "non"

Calmement au garde-à-vous

En donnant ses derniers adieux

A sa mère au coeur brisé

Et au chagrin immense

Pour la cause qu'il chérissait fièrement

Cette triste séparation doit être

Et il est allé à la mort en souriant doucement

Pour que la vieille Irlande puisse être libre

 

Un autre martyr pour la vieille Irlande

Un autre meurtre pour la couronne

Ses lois brutales peuvent tuer les Irlandais

Mais elles ne peuvent pas les asservir

Les gars comme Barry ne sont pas des couards

Ils ne s'enfuieront pas devant l'ennemi

Les gars comme Barry libèreront l'Irlande

En son nom ils vivront et mourront





Et la version de Paul Robeson



 



Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #musique

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C
<br /> Bonjour Serge,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Quelle clairvoyance d'esprit, quelle intelligence politique et quel esprit visionnaire pour ce jeune garçon qui écrit ce devoir. Tu comprends poruquoi on l'a arrêté net avant qu'il ne devienne un<br /> leader potentiel.<br /> <br /> <br /> Cette critique de l'aristocratie et de la monarchie est fort judicieuse, il y en a qui ont la nostalgie de ces moments là, sûrement ne devaient-ils pas être des gueux dans une autre vie.<br /> <br /> <br /> Merci pour nous enseigner les combats de libération de l'Irlande, peu le font, le devoir de mémoire n'a pas de frontière, à nous tous on peut arriver à couvrir une partie du monde ( mais nous ne<br /> sommes pas si nombreux quand j'y pense).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bises et bonne fin de dimanche<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> caro<br />
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H
<br /> <br /> Bonjour Caro<br /> <br /> <br /> J'ai découvert cet écrit lors d'un hommage de Libération Irlande à Kevin Barry. Comme toi j'en suis resté admiratif. La chanson, je la connais depuis tout petit (mes parents avaient le disque de<br /> Paul Robeson), elle a été écrite peu de temps après l'assassinat de Kevin. Elle est très populaire en Irlande. Le souvenir de Kevin et cette chanson ont traversé presqu'un siècle de notre<br /> histoire ... mais sont toujours présents !<br /> <br /> <br /> Bisoux<br /> <br /> <br /> Serge<br /> <br /> <br /> <br />