Publié le 17 Juin 2013

 

Un clin d'œil à mes amis de l'Orchestre Poétique d'Avant-guerre (O.P.A)

Que vous pouvez retrouver ici : http://www.opa33.org/

Avec un texte superbe tiré de leur recueil

Merci à eux pour ce partage

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Avec une bise à m ...

 

 

 

 

 

 

m.

 

De la poussière et du sable

 

 

textes pour l’expo photo Palestine avec François Xavier

Octobre/Novembre 2009

Nous vivons une époque de poussière et de sable dans lesquels nous ne pouvons même plus imprimer l’empreinte de nos êtres pour dire ce que nous fûmes, ici, sur cette terre en don reçue et que nous quittons sans mot dire.

Avant, nous marchions côte à côte, nous rêvions ensemble.

Nous pensions toujours pouvoir fouler de nouveau le sol de la naissance.

Mais au fil du temps, le lien s’est dilué et aujourd’hui, la poussière et le sable recouvrent une mémoire qui se déforme.

Il existera cette légende de la terre natale dont le sein nous a nourris et dont notre âme s’est imprégnée sans savoir.

Aujourd’hui, dans le sel des larmes se découpent des paysages lunaires, des déserts de nostalgie qui nous soudent.

Comme l’oubli semble nous reconnaître et nous appeler, nous scrutons vers l’Occident, vers l’Orient, l’écho.

Mais dans ce temps de poussière et de sable que nous vivons, les heures tombent, le voile s’épaissit et nous voilà rendus au seuil de nos dernières espérances.

Si vous passez la première route, vous tomberez sur un amas de pierre, comme une cicatrice, c’est ici.

Jadis, le soleil se levait en face et se couchait juste là, derrière le mur.

Sa course allait du matin au soir sans obstacle, il ne butait sur rien, inondait tout et se plaisait à faire de l’ombre sous les oliviers.

Maintenant, vous verrez, lorsqu’il décline, comme il se heurte, sa lumière se brise avant d’avoir éclaboussé le ciel.

La beauté ne résiste pas aux hommes de granit.

Enfant, j’avais cent ans et je faisais semblant d’être un petit garçon.

Parfois, bien sûr, je me prenais à mon propre jeu et je me surprenais à faire comme si de rien n’était, m’amusant sans y penser, comme rendu tout d’un coup à mon âge, proche de ce qui me fuyait.

Mais dans ces moments de répit, la nuit ramenait toujours les peurs anciennes et je me réveillais l’air grave, l’oeil noir et le ventre noué.

L’enfance, ce merveilleux jardin, était pour moi un paradis perdu.

Que personne ne s’étonne aujourd’hui si, quand je regarde bien en face, mon regard porte toujours plus loin.

Que se passera-t-il une fois que tu auras parcouru de ton regard le parchemin de mon visage ?

Sera-t-il assez fort pour s’imprégner en toi et pour te tourmenter ?

As-tu suffisamment senti, à mes yeux sombres, l’effroi ?

Ai-je l’air assez las ?

As-tu pu deviner, en plongeant vers moi, à quel point j’avais soif de t’entendre ?

As-tu vu, au travers de mon être, le tréfonds de mon âme ; as-tu vu ce que même les yeux fermés je ne puis m’empêcher de voir ?

Le parchemin de mon visage retient les souvenirs et les tisse, peuplant mes fondations chancelantes de rêves incertains où je t’appelle encore.

Je t’appelle par tous les noms que je connais, dans toutes les langues que je parle et dans toutes celles que j’invente.

Je t’appelle le jour, la nuit, dans ces rêves incertains, dans ces après-midi de poudre.

Dans la quiétude-même des instants de bonheur volés, je sais que je t’appelle encore, par tous les noms que je connais.

Et maintenant, je tiens ton regard dans le mien.

Tu peux me scruter sans délicatesse car dans l’enchevêtrement des souvenirs tissés, il y aura, si tu le veux, une ride qui me ressemble au parchemin de ton visage.

Quand nos fils partent et ne reviennent pas, nous savons maintenant que nous ne devons plus les attendre.

En ces temps oubliés où nous n’avions pas de chaînes, quelqu’un avait écrit :

« Voici la terre.

Ici, le ferment de nos origines palpite comme un coeur qui bat et nourrit nos visions.

Comme nos racines nous portent, nous soutenons l’avenir sans préjugé, la poitrine ouverte, prêts au bouleversement.

Nous savons que le sillon est infini, que nous serons le passage et qu’après nous, la descendance, celle-ci, puis celle qui ne saura même plus qu’elle nous ressemble.

Nous entrevoyons des fleurs aux larges corolles, embaumant, des oasis quiets sous la voûte d’un ciel clair, des silences sans pesanteur.

Car voici la terre. »

Mais ces mots avaient été écrits avec de la poussière et du sable et aujourd’hui, dans le sel des larmes se découpent des paysages lunaires, des déserts de nostalgie qui nous soudent.

Parfois, des rires d’enfants se faufilaient entre les rues désertes, glissaient sur les pavés sablonneux, couraient le long des rigoles asséchées et venaient éclater sur les murs zébrés des maisons.

Dans ces moments, alors que tout jusqu’alors paraissait figé, le temps semblait reprendre sa course et l’on ouvrait les volets qui étaient restés clos pour se protéger du soleil.

Les femmes, étonnées, sortaient sur le pallier et, mettant leurs mains en jumelle, elles fouillaient l’horizon au plus loin.

Les hommes, convaincus pourtant qu’il ne se passait rien, pointaient le bout de leur nez aux fenêtres, humaient l’air sec à la recherche de senteurs nouvelles puis retournaient d’un pas las se rasseoir dans des fauteuils usés.

Alors, les rires se faufilaient de nouveau, quittaient la ville, abandonnaient l’innocence des heures au vertige de l’immobilité et disparaissaient sans écho.

Il ne restait plus à la nuit qu’à balayer les rues désertes pour que s’en efface, tout à fait, le souvenir des années tendres.

Palestine,

Nous avons gravé ton nom dans nos coeurs, au plus profond de notre âme et nous te portons, à chaque pas, dans ce Chaos.

Nous avons rêvé, nous rêvons encore mais à se tendre vers toi, dans ce Chaos, chaque pas devient plus difficile et la poussière et le sable s’accrochent à nos semelles comme du plomb.

Nous avons hélé, appelé jour et nuit, crié jusqu’à perdre la voix mais de l’Occident à l’Orient, c’est le silence.

L’ombre nous recouvre, le néant nous engloutit et nous ne pouvons plus écrire l’Histoire car plus rien ne dépend de nous, car tout nous échappe tandis que l’Ogre dévore nos enfants.

Nous peinons maintenant à t’imaginer, n’ayant presque plus à portée le souvenir que nos pères avaient de tes formes.

Nos colères cloisonnées se disloquent, se dispersent sans efficacité et le destin se moque, s’élabore loin de nous et se décide sans indulgence.

Nous prions un ciel qui semble vide, nous prions.

Et tous les mots que nous lançons vers lui portent en eux notre terre.

Palestine,

Dans nos coeurs, dans le plus profond de nos âmes, à chaque pas dans ce Chaos, nous te portons.

 

 

 

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #poèsie

Publié le 10 Juin 2013

Karl Heinz Roth, né en 1942, a été un militant du de l''Opposition extraparlementaire dès le milieu des années 60. Parallèlement à ses activités de médecin, il s’est consacré à l’histoire de « l’autre mouvement ouvrier », celui des ouvriers non qualifiés, des immigrés, des travailleurs forcés, et à la résistance au capitalisme sous le nazisme. Le 9 mai 1975, Karl Heinz Roth est arrêté avec Roland Otto sur un parking de Cologne après avoir été grièvement blessé par un policier. Au cours de l’incident, Werner Philipp Sauber, un militant clandestin du Mouvement du 2 Juin et un policier sont tués. Le 26 juin 1977, Roland Otto et Karl Heinz Roth sont acquittés de l’accusation de meurtre et retrouvent la liberté au terme d’un procès exemplaire au cours duquel le montage policier s’est lamentablement écroulé. Pendant les deux années qui venaient de s’écouler, Roth avait mené un combat exemplaire pour la survie. C’est ce qu’il raconte dans ce texte, auquel nous lui avons demandé d’écrire une présentation, à l’usage des lecteurs qui n’ont pas vécu de manière consciente « l’automne allemand »

 

 

 

Extrait ...

 

Des flocons de neige imaginaires

Avez-vous déjà souffert de troubles du sommeil ? En cas contraire, vous devriez tout de même vous soucier que ceux qui en torturent d’autres en les privant de sommeil, ne restent pas totalement impunis. Et il y en a beaucoup. Je pense à ceux, au cœur de l’État de droit, mettent en œuvre des sanctions pénales aggravées.
 
Durant diverses phases de ma détention, j’ai fait connaissance avec les tempêtes de neige imaginaires. Je vais parler de la plus longue et de la plus dévastatrice, qui a duré onze mois. Lorsqu’en août 1976 je fus définitivement transféré à l’infirmerie de la prison de Bochum, des électriciens étaient justement occupés à installer deux projecteurs supplémentaires en face de ma cellule. Les lampes étaient dirigées droit sur la fenêtre de celle-ci, à cinq mètres environ, et à la hauteur du troisième étage, où se trouve la cellule pour terroristes 3/38. Elles flanquaient ma cellule, faisaient 500 watts chacune, étaient séparées de quelques mètres. Tard dans la soirée du 1er   août, j’en bénéficiai pour la première fois. Trois projecteurs - le troisième, plus éloigné, était déjà installé en face, sur le mur du bâtiment administratif - illuminèrent ma cellule a giorno. Au début je n’avais rien contre. Car jusqu’ici on éteignait les lumières à 22 heures. À partir du mois d’août, je pus lire sans interruption. Grâce aux projecteurs, il faisait grand jour en permanence dans ma cellule.
 
Au bout de deux ou trois jours l’euphorie s’était dissipée. Quand je m’aperçus que je ne pouvais pas dormir sous la lumière des projecteurs, je m’habituai à lire jusqu'au matin. J’étais tiré du sommeil qui suivait à six heures tapantes, car la journée carcérale commençait, et ce sommeil se fit de plus en plus superficiel. Au bout d’une semaine, ce n’était plus qu’une somnolence apathique avec de très courtes pointes de sommeil, littéralement quelques minutes. Je perdis la capacité de me concentrer et donc l’envie de lire la nuit. Une angoissante perte de repères s’instaura. Je perdis le sens du temps et de l’espace. Quand les surveillants utilisaient l’interphone, le son creux de leur voix me rendait inquiet. Je devins instable, incapable de lire longtemps, de fixer mes pensées et de les noter. Quand je recevais des visites, il me fallait un certain temps pour m’habituer à la situation. Pendant un certain temps, on me donna des somnifères. Ils perdirent vite leur efficacité. Le médecin du service me proposa de suspendre tout simplement une couverture devant la fenêtre ; le résultat fut mauvais, l’obscurité soudaine dans ma cellule me fit encore plus peur, me tint éveillé et me donna l’illusion que les 20 m3 de la cellule fondaient sur mon corps. En outre les surveillants qui faisaient la nuit me criaient d’enlever la couverture. Fin août je vis les premières tempêtes de neige. Des fils blancs qui passaient de haut en bas, dans les espaces libres des doubles barreaux de ma lucarne. On aurait dit un film quand la bande se déchire. Peu à peu les fils s’aggloméraient. Ils se transformaient en taches dansantes, dont les mouvements ralentissaient peu à peu.
 
Je ne voulais pas voir tout cela. Je me cramponnai au grillage et observai l’extérieur. Les contours du mur, du toit qui s’inclinait au-dessus, de la cour des transferts et du bâtiment administratif qui se trouvait derrière s’étaient estompés. On avait l’impression de regarder à travers un verre dépoli. Je passai la main à travers les barreaux. Était-ce bien une grille supplémentaire ou l’avait-on remplacée, comme à Ossendorf, par une moustiquaire qui produit le même effet quand on regarde à travers ? Non, tout était comme avant. Plus je regardais attentivement, et plus ce que je voyais s’estompait et se faisait statique. Si je cessais de me concentrer, la vitre dépolie se dissolvait en taches isolées et recommençait à bouger.
 
Cela devint dangereux quand la tempête de neige entra dans ma cellule. Je fermai les yeux et me mis à chanter. Les yeux fermés je marchai de long en large dans la cellule, quatre pas dans un sens, quatre dans l’autre. Je chantai tout mon répertoire. Puis je me mis à parler avec moi-même. Des dialogues fictifs à une personne, où les partenaires utilisaient deux langues étrangères différentes. Moi-même devins ces deux personnes. Les exercices de concentration que j’avais entre-temps terminés, glissaient à l’hallucination. Ayant perdu tout sens du temps et poussé par la nécessité de le cacher aux verts et aux blancs [surveillants et personnels médical, NdT], je me ramenais à la réalité. Ces luttes duraient parfois des jours entiers. Finalement j’inversai le rythme circadien. Je travaillais et lisais la nuit, le jour je somnolais, avec de temps en temps deux phases brèves de sommeil, vers 9 heures et 17 heures. Je commençai à trouver un modus vivendi avec la privation de sommeil. Je m’abandonnai sans résister aux illusions d’optique. Les combats avec les hallucinations qui s’ensuivirent furent très durs. Je cédai quelques pouces de terrain, m’y habituai, pour ensuite les discipliner et les éliminer. Ce fut une lutte contre la folie. La ligne de crête que je suivais était souvent très étroite. J’avais une maladie chronique, des problèmes circulatoires. Je brûlai mes dernières réserves pour éviter ce que la privation de sommeil visait : faire du délinquant condamné d’avance un fou nécessitant un traitement psychiatrique. Je pus interdire aux surveillants médicaux d’entrer dans ma cellule - ils avaient violé de façon flagrante mes droits de prisonnier en détention préventive en empêchant une expertise médicale relative à une contre-indication de placement en détention et en me déclarant pour un temps pratiquement illimité en état de comparaître- - ce qui m’aida fortement. Je ne reçus plus qu’un médecin agréé extérieur pour la visite du matin. Le matin j’étais relativement en forme. En outre je pouvais compter sur le fait que ce médecin n'éprouvait aucun intérêt particulier à informer la police politique sur de nouveaux possibles points faibles sur lesquels m'attaquer.
 
Je n’ai pas été le seul pour qui les projecteurs firent de Bochum un enfer. À l’automne 76, alors que j’étais encore à l’isolement, Guillaume [Günter Guillaume, conseiller personnel du chancelier Willy Brandt, condamné en 1975 à 13 ans de prison pour espionnage au profit de la RDA, NdT]  passa devant moi en se rendant au laboratoire. Nous échangeâmes quelques mots, comme à Ossendorf, avant d’être poussés plus loin par les matons. Guillaume  avait un besoin urgent de soins médicaux. Il était à deux cellules de la cellule pour terroristes 3/38, les cellules directement voisines sont toujours vides. Les projecteurs l’empêchaient de dormir lui aussi. Voyant que ses plaintes restaient sans effet, il obtint d’être renvoyé à la prison de Rheinbach. Il n’avait passé que quelques jours à Bochum. Par la suite il refusa tout traitement médical.
 

 

Source TLAXCALA

L'intégralité du texte ici

 

 

 

 

 

Dans le ventre de la baleine

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #Liberté

Publié le 9 Juin 2013

Créer à la fin des années 80 par d'anciens membres du groupe punk Montpelliérain O.T.H., Les Naufragés repartent à l'abordage en 2013 !

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #musique

Publié le 8 Juin 2013

Cette semaine, les cailloux s'imprègnent de gypse Indien ...

Nous sommes tous dans le même bateau ; le riche, le pauvre, l’homme rouge, blanc, noir, brun ou jaune. Nous sommes une seule et même famille humaine. Nous partageons une responsabilité envers notre Mère la Terre et tous ceux qui y vivent et y respirent.

Je crois que notre tâche sera inachevée tant qu’il restera un être humain affamé, battu, une seule personne contrainte de mourir sur un champ de bataille, un seul innocent en prison, un seul homme persécuté à cause de ses convictions.

J’ai foi en la bonté de l’humanité. Je crois que le bien peut prévaloir, mais seulement au prix d’un réel effort. Cet effort, c’est à nous tous de l’accomplir. Chacun d’entre nous, vous et moi. Léonard Pelletier

La suite : ICI

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #poèsie

Publié le 5 Juin 2013

" Ne croyez pas surtout surtout n'allez pas croire
Que j'oublie Nuremberg et que j'oublie Dachau
Mais là je suis chez moi chez moi dans ma mémoire
Dans ce Moyen-Orient où l'intrus est de trop

Ne croyez pas surtout surtout n'allez pas croire
Que j'oublie Varsovie devenant Polonaise
Ni les trains qui drainaient la mort au crématoire
Mes frères par millions hurlant dans la fournaise

Ne croyez pas surtout surtout n'allez pas croire
Que j'appelle à la haine en saluant nos tanks
Je n'oublierai jamais dans la Nuit le Brouillard
Le regard angoissé de ma sœur Anne Frank

Mais là je suis chez moi chez moi en Palestine
Chez moi parce qu'Arabe Arabe à en mourir
Arabe dans les yeux Arabe en ma poitrine
De Damas en danger à notre El-Djazaïr ".

Malek Haddad, extrait du poème " Je suis chez moi en Palestine ", publié le 3 juin 1967 dans " An-Nasr ".

je suis chez moi chez moi en Palestine

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié le 1 Juin 2013

Une petite pierre vient de naitre de la fusion de deux envies de cristalliser la poésie pour lui donner la simplicité de la vie que la Terre nous offre ...

 

La minéralité expliquée aux cailloux

 

 

 

 

Merci à toi Caro !!

Métamorphisme poétique

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié le 31 Mai 2013

John Dee Holeman ou le joli destin d'un simple ouvrier du bâtiment ...

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Rédigé par hobo-lullaby