Deux Poèmes de Ferruccio Brugnaro et une chanson de Woody
Publié le 27 Octobre 2012
LA SOLITUDE, LA FAIM LANCINANTE
Je ne suis pas intéressé, pas intéressé
par une poésie
qui ne se mêle pas, qui n’est pas partie sanglante
des frustations
des atroces souffrances
de millions et de millions d’hommes
contraints au silence
enfermé en prison
tués.
Je ne suis pas intéressé
par une poésie
aux sons agréables
divagations, abstractions de merde.
Je dois rejoindre
la solitude, la faim lancinante
du paysan d’Amérique du Sud.
Je dois recueillir toujours
plus profondément
la lutte créatrice acharnée
de tous les ouvriers de la terre.
Dans l’isolement, dans la douleur méprisée
de mes compagnons noirs
dans leur dure angoisse quotidienne
dans leur mort
mon cœur et mon action se sont plantés.
Ferruccio Brugnaro (Traduction de Béatrice Gaudy)
RENCONTRE AVEC UN VIEIL OUVRIER
J’ai vu un vieil ouvrier, aujourd’hui,
un ami cher ; appuyé
à un réservoir énorme
il regardait le ciel et il regardait
ses mains.
Il arborait un large sourire
dans ses yeux rougis par le froid
intense de la neige, brillants
telles des écorces mouillées.
Il me dit, avec un calme doux,
qu’il serait temps pour lui
que vînt la mort : d’autant
qu’il ne dérangerait personne
pour cette circonstance.
Et il continuait à regarder le ciel, le soleil
qui exhalait des mouettes tendres sur la mer.
Son visage semblait une pierre
multiséculaire gravées de hiéroglyphes extraite
des sables.
Ferruccio Brugnaro
(Traduction de Béatrice Gaudy)