Sur le fronton de ma mairie … j’efface ton nom
Publié le 22 Août 2012
Lettre ouverte à Michèle Picard, maire de Vénissieux
Madame,
Je voulais réagir au courrier que vous avez adressé au préfet du Rhône
http://pcf.venissieux.org/lettre-ouverte-de-Michele-Picard,1248.html
Je tiens tout d’abord à vous préciser que j’ai grandi à Lyon 8e, pour vivre ensuite à Vénissieux que j’ai quitté depuis quelques années. Je ne suis pas membre du PCF , même si j’ai souvent voté pour les candidats de votre parti, en particulier aux municipales de Vénissieux et aux législatives de la 14e circonscription du Rhône.
J’ai relu plusieurs fois votre courrier auquel je fais allusion. Ce qui m’a fait réagir, c’est que je me suis dit qu’en le mettant tel quel sur internet, en changeant le nom de l’auteur et en disant qu’il s’agit d’un élu du Front National, beaucoup auraient été outrés, et que ceux qui se prétendent de gauche et qui ne seraient pas tombés dans le panneau lèvent le doigt ! Preuve en est : cette lettre a été rendue publique sur le blog de la section Vénissieux du PCF le 23 juin avec cette précision : «Par souci de ne pas laisser place aux récupérations politiciennes pendant la campagne électorale, celle lettre n’avait pas été rendue publique. » Ce que je considère comme un aveu d’hypocrisie.
Dans votre courrier, vous opposez dans un premier temps la quiétude de vos administrés à l’insalubrité et la délinquance latente des Roms. Je sais que Vénissieux est depuis longtemps une terre cosmopolite avec toutes les difficultés que cela peut engendrer. Toutefois, je vous opposerai le cas du quartier de la Guillotiére à Lyon, ou la cohabitation est loin d’avoir pris les proportions que vous décrivez, si j’en juge par les pancartes accrochées aux fenêtres des habitants de la rue Montesquieu lors de l’expulsion d’un squat occupé par des Roms : « Laissez-nous vivre ensemble » source : http://www.libelyon.fr/info/2012/08/les-roms-de-la-rue-montesquieu-%25C3%25A0-lyon-en-sursis.html . Ce qui prouve bien qu’une cohabitation est possible ! Le quartier de la Guillotière est un quartier populaire au même titre que Vénissieux. Pourquoi cette solidarité ne pourrait pas exister en terre Vénissiane ? Pourquoi un élu local défendant les idées de Marx, ne considère-t-il pas les Roms comme des victimes du capitalisme au même titre qu’un travailleur ou qu’un chômeur ? Les Roms cumulent les problèmes de patrie, de précarité, de logement de travail et de délinquence. Ils sont plus que tout autres les « damnés de la terre » que doivent défendre ceux qui se prétendent Communistes et fiers de l’être ! Lénine prônait la solidarité prolétarienne précisait : « la lutte de classe prolétarienne, exige que nous n’observions jamais une attitude purement formelle envers la question nationale, mais que nous tenions toujours compte de la différence obligatoire dans le comportement du prolétaire d’une nation opprimée (ou petite) envers la nation qui opprime (ou grande). » Le Problème est que les Roms n’appartiennent à aucune classe au sens Marxiste du terme et la question est : doit-on les intégrés dans le système capitaliste que nous combattons et sont-ils intégrables dans un système Marxiste qui prend le travail comme valeur ? La réponse n’est elle pas de les intégrer Humainement et socialement en respectant leurs différences. Le mot Humanité n’est il pas le titre du quotidien Communiste et donc une valeur du Communisme. Dans les camps de concentration, les prisonniers portaient des insignes suivant leurs origines et leurs appartenances, pendant que les communistes portaient un triangle rouge, les Tsiganes arboraient un triangle vert ! Pourquoi ces frères du passé sont ils devenus les expulsables d’aujourd’hui ? Car dans la suite de votre courrier vous exiger du préfet du Rhône qu’il fasse respecter l’arrêté d’expulsion rendu par le tribunal ! Faisant ainsi allegence à une autorité que vous devriez combattre. « Résister c’est créer, créer c’est résister » a dit Stéphane Hessel, cet homme pour qui désobéir avait un véritable sens. Vous dites que ce n’est pas aux collectivités locales de résoudre le problème des Roms mais à l’état en espérant des financements que vous n’aurez jamais. Voir cette lettre sur votre blog : http://www.michele-picard.com/la-politique-de-lautruche-doit-cesser-5934/ Et pourtant, ne serai-il pas révolutionnaire de trouver d’autres solutions. Un site, un local respectant des règles d’hygiène, un centre valorisant la culture Rom comme trait d’union entre population. Face aux rejets de cette société capitaliste, pourquoi ne pas opposer un véritable projet de résistance voir de désobéissance populaire comme Howard Zinn en aurait rêvé ? Les financements ? Le projet de réaménagement de la place jeanne d’Arc oû squataient les Roms va couter 900 000 euros à la collectivité, les concerts des Estivales à Vénissieux coutent 300 000 euros et pour un projet culturel ou autre des subventions peuvent être allouées.
Depuis votre courrier, les Roms de Grandclément ont été expulsés, leur problème n’est pas résolu mais simplement déplacé. Au lieu d’avoir montré un véritable visage révolutionnaire, vous avez maintenu cette volonté électoraliste qui vous éloigne de vos idéaux et néglige le Peuple. Vous vous entêté dans ce grand écart à vous en faire péter les adducteurs. Ce grand écart que vous avez commencé en baissant votre culotte devant Mitterrand lorsqu’il vous a trahi sur les nationalisations prévues au programme commun, que vous continuez aujourd’hui en demandant l’expulsion des Roms sans que cela vous fasse pour autant reprendre des voix au Front National. Ce grand écart qui fait que vos militants les plus convaincus, ceux qui sont sur le terrain, ont plus d’espoir dans leurs idées que dans la direction de leur parti. Ce grand écart qui fait qu’ils baissent les bras car ils se sentent trahis. Ce grand écart qui tourne le dos au peuple tandis que l’on bat des records d’abstention à chaque élection. Ce grand écart qui me fait penser à cette lettre de Philippe Torreton à Jean Ferrat : http://blogs.mediapart.fr/blog/olivier-perriraz/290412/lettre-jean-ferrat-par-philippe-torreton
Texte magnifique, mais écrit par quelqu’un qui soutien Ségolène Royal et la constitution Européenne de Giscard, qui fait référence à la Commune sans pouvoir donner la définition du mot révolte !
Vous aurez peut être trouvé certains mots un peu crus, mais c’est juste pour vous dire sans haine et sans crainte : « Michèle, réveilles toi ! »
Et si le prisme poètique de Paul Eluard peut vous aider, je dirai en le paraphrasant :
Sur le fronton de ma mairie
Sur les roulottes tsiganes
Sur les platanes des cours d’écoles
J’efface ton nom
Sur les avenues du Charéard
Sur la place de Parrilly
Sur le plateau des Minguettes
Au cœur du Moulin à vent
J’efface ton nom
Nous étions fait pour te chérir
Nous étions fait pour te nommer
Liberté
Amicalement
Serge