Nous n’habitons nulle part

Publié le 13 Novembre 2013

Nous n’habitons nulle part nous ne brisons de nos mains

rouges de ressentiment que des squelettes de vent
nous tournoyons dans un désert d’images diffusées par les
invisibles ingénieurs du monde de la séparation permanente
retranchés dans les organismes planétaires planificateurs
infatigables du spectacle
nous ne sommes rien nous ne sommes qu’absence
une brûlure qui ne cesse pas nous n’embrassons nulle bouche
vraie nous parlons une langue de cendres nous touchons
une réalité d’opérette
nous n’avons jamais rendez-vous avec nous-mêmes
nous nous tâtons encore et toujours
nous errons dans un magma de signes froids nous traversons
notre propre peau de fantôme
le soleil du mensonge ne se couche jamais sur l’empire de
notre néant vécu atrocement au carrefour des nerfs
nous n’avons ni visage ni nom nous n’avons ni le temps
ni l’espace des yeux pour pleurer trente-deux dents
totalement neuves pour mordre
mais mordre où mais mordre quoi
de fond en comble toutes les chaînes
autour desquelles s’articulent nos chairs nos pensées
d’aujourd’hui
jusqu’à ce qu’elles cassent dans un hourrah de lumières de
naissances multiples
décrétons le refus global
les jardins des délices tremblent et éclairent au-delà
la révolte met le feu aux poudres
taillez enfants aux yeux d’air et d’eau les belles allumettes
dans la forêt des légitimes soifs
taillez les belles allumettes pour que flambe le théâtre d’ombres universel.

André Laude (In Testament de Ravachol)

Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #poèsie

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C
Bonjour Serge,<br /> <br /> On dirait que l'on est en train de se noyer essayant de remonter à la surface et que toute sorte de choses nous traverse alors l'esprit......ou alors c'est une sorte de révolution noire et rouge, l'envie de tout effacer et recommencer mais avec les allumettes dont j'aime bien l'allusion poétique à la fin, on ne peux pas reconstruire (ou du moins si on les brûle).<br /> <br /> Voilà, ça m'a perturbé cette histoire........ça secoue.<br /> <br /> Bisous<br /> <br /> caro
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H
Bonjour Caro<br /> <br /> La poèsie d'André Laude secoue toujours. Mais je crois qu'il veut juste bruler le théatre d'ombres universel, c'est à dire la méchanceté et l'hypocrisie qui mènent notre monde.<br /> J'ai voulu illustré le poème avec une image, mais je n'en ai pas trouvé d'assez forte. Comme quoi la poèsie est un art plus fort que la photo !<br /> <br /> Bisouxx<br /> <br /> Serge