Publié le 1 Décembre 2013
Phil Ochs ( 1940 - 1976 )
Dylan disait de lui qu'il n'était pas un chanteur folk, mais un journaliste.
Plus tard Ochs déclara qu'il aimerait être moitié Elvis Presley, moitié Che Guevara !
Trop de martyrs
Dans l’État du Mississippi, il y a bien des années de cela
Un garçon de 14 ans a senti passer la loi du Sud
Il a vu son ami pendu avec pour seul crime sa couleur
Et le sang sur sa chemise laissa une marque dans son esprit
Trop de martyrs et trop de morts
Trop de mensonges, trop de paroles creuses prononcées
Trop souvent pour trop d’hommes en colère
Puisse cela ne plus jamais se produire
Il s’appelait Medgar Evers et il suivait sa propre route
Comme Emmett Till et des milliers d’autres à jamais anonymes
Ils ont essayé d’incendier sa maison et ils l’ont passé à tabac
Mais au fond d’eux, tous deux savaient ce qu’il fallait pour l’arrêter
Le tueur attendait devant chez lui, à l’abri de la nuit
Lorsque Evers descendit de sa voiture pour se retrouver dans sa ligne de mire
Il pressa lentement la détente, la balle partit de son côté
Elle frappa le cœur de chaque homme quand Evers tomba et mourut
Ils l’ont descendu dans sa tombe au son du clairon
Descendu dans sa tombe alors que la victoire était proche
Nous attendions le futur, la liberté partout
Mais le pays a gagné un tueur et le pays a perdu un homme
Y A-T-IL QUELQU’UN ICI
Y a-t-il quelqu’un ici qui échangerait ses habits contre un uniforme ?
Y a-t-il quelqu’un ici qui croit seulement servir au cœur de la tempête ?
Y a-t-il quelqu’un ici avec la gloire dans les yeux,
Loyal jusqu’au bout, avec la mort pour devoir ?
Je veux le voir, je veux lui souhaiter bonne chance,
Je veux lui serrer la main, je veux dire son nom,
Lui offrir une médaille !
Y a-t-il quelqu’un ici qui aimerait enrouler un drapeau autour d’un trop jeune cercueil ?
Y a-t-il quelqu’un ici qui croit qu’il est plus grand sur la vague du combat ?
Y a-t-il quelqu’un ici qui voudrait participer,
Soldat du monde, héros de cœur ?
Je veux le voir, je veux lui souhaiter bonne chance,
Je veux lui serrer la main, je veux dire son nom,
Lui offrir une médaille !
Y a-t-il quelqu’un ici qui soit fier des défilés,
Qui aimerait crier sa joie et montrer qu’il n’a pas peur ?
Je voudrais lui demander ce qu’il essaie de défendre,
Je voudrais lui demander ce qu’il compte en retirer.
Y a-t-il quelqu’un ici qui croie que suivre les ordres suffit à vous dédouaner ?
Y a-t-il quelqu’un ici qu’un meurtre appelé différemment ne gênerait pas ?
Y a-t-il quelqu’un ici dont l’orgueil soit au front,
Avec l’honneur des courageux et le courage des aveugles ?
Je veux le voir, je veux lui souhaiter bonne chance,
Je veux lui serrer la main, je veux dire son nom,
Lui offrir une médaille !
QUAND JE SERAI PARTI
Je n’aurai plus d’endroit à moi en ce monde quand je serai parti
Et je ne ferai plus la différence entre le bien et le mal quand je serai parti
Et tu ne me verras plus chanter cette chanson quand je serai parti
Je suppose que je vais devoir le faire tant que je serai là.
Et je ne sentirai plus le temps s’écouler quand je serai parti
Tous les plaisirs de l’amour ne seront plus miens quand je serai parti
Plus un vers ne coulera de mon stylo quand je serai parti
Je suppose que je vais devoir le faire tant que je serai là.
Et je ne pourrai plus respirer plus l’air frais quand je serai parti
Et je ne m’inquièterai même plus de rien quand je serai parti
On ne me demandera plus de faire ma part quand je serai parti
Je suppose que je vais devoir le faire tant que je serai là.
Et je ne fuirai plus la pluie quand je serai parti
Et je ne connaîtrai même pas la douleur quand je serai parti
Je ne dirai plus qui aimer et qui blâmer quand je serai parti
Je suppose que je vais devoir le faire tant que je serai là.
Je ne verrai plus le soleil doré quand je serai parti
Soirs et matins seront identiques quand je serai parti
Je ne pourrai pas chanter plus fort que les fusils quand je serai parti
Je suppose que je vais devoir le faire tant que je serai là.
Mes jours ne seront pas tous des parties de plaisir quand je serai parti
Et je n’aurai plus de sable dans les yeux quand je serai parti
Je ne pourrai pas ajouter mon nom aux combattants quand je serai parti
Je suppose que je vais devoir le faire tant que je serai là.
Les mensonges ne me feront pas rire quand je serai parti
Et je ne pourrai pas demander comment ou quand ou pourquoi quand je serai parti
Je ne serai jamais assez fier de ma vie pour mourir quand je serai parti
Je suppose que je vais devoir le faire tant que je serai là.