Publié le 7 Octobre 2012



PROVERBES ET CHANSONS



Tout passe
 
et tout demeure
 
Mais notre affaire est de passer
 
De passer en traçant
 
Des chemins
 
Des chemins sur la mer
 
Voyageur, le chemin
 
sont les traces de tes pas
 
c'est tout ; voyageur
 
il n'y a pas de chemin,
 
le chemin se fait en marchant.
 
Le chemin se fait en marchant
 
et quand on tourne les yeux en arrière
 
on voit le sentier que jamais
 
on ne doit à nouveau fouler.
 
Voyageur, il n'est pas de chemin,
 
rien que des sillages sur la mer.
 
 
Conseils
 
Il faut savoir attendre,
 
attends le flux de la marée,
 
- comme une barque sur le rivage -,
 
sans que le départ t'inquiète.
 
Quiconque attend
 
sait que la victoire est à lui ;
 
car la vie est longue et l'art est un jouet.
 
Et si la vie est courte
 
et si la mer n'arrive à ta galère
 
attends sans partir et espère toujours,
 
car l'art est long et, d'ailleurs,
 
 
c'est sans importance.
 
 
 
ANTONIO MACHADO







 

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #poèsie

Publié le 5 Octobre 2012



Juste parce que ça fait du bien !







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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #musique

Publié le 5 Octobre 2012




rat monsanto

 

 

Des rats avec des tumeurs aussi grosses que des balles de golf.

 

Beaucoup ont vu ces images choquantes provenant d'une nouvelle étude scientifique sur les OGM et l'herbicide Roundup produit par Monsanto. L'étude vient de démontrer leur toxicité et leur caractère cancérigène sur des rats en ayant consommé pendant 2 ans.

 

Le Roundup est un produit très populaire aussi bien chez les agriculteurs que chez les particuliers. En l'utilisant ou en l'inhalant, l'homme serait donc exposé à un risque grave de cancer. Les résultats de cette étude sont trop importants pour être pris à la légère.

 

En France comme en Europe, nos dirigeants se demandent comment réagir à l'étude, que Monsanto va s'efforcer de décrédibiliser. Il est urgent de faire entendre nos voix en les appelant à ordonner immédiatement une expertise complète sur les dangers du Roundup pour la santé humaine, l'environnement et la biodiversité, ainsi que sur son interaction avec les OGM.

Signez la pétition et faites passer le message.

 

La pétition est adressée à:

 

- France: Ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, Ministre de l'Environnement Delphine Batho, Ministre de la Santé Marisol Touraine

- Union Européenne: Catherine Geslain-Lanéelle , Directeur exécutif de l'EFSA, John Dalli, Commissaire européen chargé de la Santé et de la Politique des consommateurs

 

 

 

Lettre de pétition

Évaluez les dangers de l’herbicide RoundUp.

 

Madame, Monsieur,

 

Au vu des résultats de l’étude récente sur les OGM et l’herbicide Roundup, et au nom du principe de précaution, nous vous demandons d’ordonner immédiatement une expertise complète sur les dangers du Roundup pour la santé humaine, l’environnement et la biodiversité, ainsi que sur son interaction avec les OGM.

 

Dear Sirs,

Given the results of the recent study on GMOs and Roundup herbicide, and on behalf of the precautionary principle, we ask that you immediately order a full scientific expertise on the dangers of Roundup on human health, the environment and biodiversity, as well as its interaction with GMOs.

 

[Votre nom]

 

 Pour signer la pétition : link


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #apprentis sorciers

Publié le 5 Octobre 2012




ARRETEZ LES RIVIERES
 
arrêtez les rivières pour que vienne la mer
c'en est fait du retard pris sur les équinoxes
je sens grandir en moi un monde inachevé
où la vigne grandit jusqu'au sertao rouge
 
car je n'ai pas fini de naître
tous mes yeux sont en cendre mon sang
est noir de monde
mais j'ai ouvert le feu ma chair est insurgée
et ce n'est qu'un début
des milliers de brasiers avancent par le monde
partout la marée monte
partout les poings se lèvent
voici que toutes choses vont devenir nouvelles
 
ARRETEZ LES RIVIERES
ne bercez plus vos enfants morts
il est grand temps d'ouvrir les digues
à cette terre en marche dans nos rêves
 
ne bercez plus vos enfants morts
l'eau venait à manquer dans vos maisons
imaginaires
mais voici une terre capable de pluies justes
et puis voici qu'il neige à la pointe des blés
des chevaux gris déjà s'abreuvent dans la mer
et les moissons déferlent dans l'or
des avalanches
 
ARRETEZ LES RIVIERES
la colonne était vide qui marchait devant vous
mais les feux de la plaine
ouvrent au monde qui vient le chemins des eaux
libres
et ce sera la fin des évidences présentes
 
VOUS ! VOUS TOUS !
 
vous qui courbez la tête accroupis dans vos temples
sortez !
levez vos têtes millénaires
vous ne devez plus rien
votre regard est matinal
déjà les chaînes tombent de vos actes anciens
les routes insoumises ont la peau
des Communes
 
Il vous viendra des bras si vous prenez
les armes
et des champs de sang libre
à chaque meurtre nécessaire !
 
alors c'en sera fait de vivre sous la terre
et de vivre emmurés dans la paix des usines
de ses nuques ployées sur des champs
étrangers de ces mains enchaînées
au rythmes des cadences
de ces hommes couchés sur des croix
passagères
le peuple marchera sur les plus hautes routes
 
alors les oiseaux morts quitteront mon regard
et tous mes yeux pourront s'ouvrir
j'aurais assez de terre pour y creuser un puits
avec toutes les chances qu'on y vienne s'asseoir
et sous la cendre chaude du pain multiplié
 
alors je briserai les tables de la loi
j'irai en titubant sur la montagne sainte
le corps à découvert et les armes à la main
ma tête éclatera de la gloire interdite
et le torse troué de paroles futures
je verrai dans le feu les vautours s'abattre !
 
ce n'était donc que ça !
le feu en qui je parle ne se consume pas
mais qui m'appellera de ce buisson
de cendres ?
 
TRISTAN CABRAL






 
 
 

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #Liberté

Publié le 4 Octobre 2012



"J'ai passé une alliance avec Nicolas Sarkozy en février, quand j'ai retiré ma candidature à la présidentielle, explique Christine Boutin à Valeurs actuelles. En le soutenant, je renonçais aux 800 000 euros de financement public de ma campagne, somme que j'avais déjà dépensée. Nicolas Sarkozy s'était engagé à ce que cette somme me soit remboursée par l'UMP."

Christine Boutin, présidente du Parti chrétien démocrate (PCD)

http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/10/04/christine-boutin-dit-avoir-touche-680-000-euros-de-l-ump-pour-son-alliance-avec-sarkozy_1769790_823448.html

Quand une homophobe, anti avortement se retire ... ça fait pas rigoler !
800 000 euros diviser par 1 425.65 par mois ( smic actuel) = 561.15 mois
561.15 mois divisé par 12 = 46.8 ans !!!! plus qu'il n'en faut à un travailleur précaire pour s'assurer une retraite de misère !

Tu aimeras ton prochain comme toi même ...  Quelle honte !

Christine, ce n'est pas toi qui aurait due te retirée ... mais plutôt tes parents !

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Publié le 3 Octobre 2012






A tous les reconduits
 
 
Fils des murailles
Nous avons transporté les bosses du désert
Jusqu’aux portes du refus
La terre sous nos pieds déroulait ses frontières
Hissait des barbelés
Et refusait nos mains de pèlerins
Les passeurs cassaient nos âmes
Nos corps marqués au fer du soleil
Nos langues sèches de barbares errants
Et froidement tétaient l’argent de nos exils
 
C’est l’heure d’une folie douce
Nos genoux ont balisé l’enfer
Notre faim a mangé la poussière
Et nos silences ont grimpé la tour de Babel
C’est l’heure d’une folie douce
Là-bas
La ville amarre la misère
Le visage de l’épouse allume une feuille morte
L’enfant qui naît enjambe l’avenir
Là-bas la mort embarque les jours
Et les nuits dévorent la chair des étoiles
 
Nous sommes d’un long voyage
Un voyage d’ancêtres au cœur maigre
Un voyage de sauterelles affamées
Un voyage de pays sous perfusion
Un voyage d’ombres sans corps
 
Nous sommes de ce voyage
Où les nuits font contrebande de chair
Où les jours ont honte de leur soleil
Où les hommes quémandent le droit de respirer
 
Nous sommes de ce voyage
Nos yeux chavirent comme des pirogues blessées
Nos mains dénouent le nombril des vents
Et nul arbre n’accueille l’ombre de nos rêves
 
Partir n’est pas partir
Quand les murs sont vivants
Partir n’est pas partir
Quand l’oiseau est sans nid
Partir n’est pas partir
Quand la terre se cloisonne
Dans la peur des peuples
 
Nos pas effraient la tour Eiffel
Les capitales repues du sel des colonies
Les usines à chômage
Les bourreaux d’arc-en-ciel
Les bourses mondialisées
Et les marchands de peau
Nos pas dérangent la marche du monde
Nos pas vont en fraude supplier l’horizon
Ils ne savent pas ouvrir les monnaies de l’accueil
Et ils s’en retournent humiliés
D’avoir à retourner
Au seuil de nous-mêmes
 
Est-ce la peau qui refoule
Est-ce l’homme qui dit non
Nous sommes les arpenteurs du refus
Les déserteurs sans papiers
Les capitales ont tissé nos douleurs
Et leurs lumières sont des flocons de sang
Des feux rouges sans paupières
Des enseignes interdites
 
Insectes saisonniers
Nous jouons
A recoudre l’espace
Derrière l’incendie
Nous jouons des jeux de prisonniers
Le monde entier est notre prison
Et nous jouons nos vies
Au casino des riches
 
Voici venue la saison des fleuves vides
Voici venue la saison des barbelés
Voici venue la saison des marées humaines
Voici venue la saison des esclaves volontaires
Même le village a mangé son midi
Et nos villes drapées dans la poussière
Sortent des seins maigres comme des aiguilles
 
Ô pays !
 
Nous avions rendez-vous avec les pays du rêve
Avec une autre géographie
Avec les grandes puissances de l’or et de l’euro
Leurs villes sont des vallées de miel
Des cornes d’abondance
Et leur pain quotidien récite sa prière
A l’ombre des cathédrales
 
Nous n’avons rien à déclarer sinon la faim
la faim n’a pas de passeport
Nous n’avons rien à déclarer sinon la vie
la vie n’est pas une marchandise
Nous n’avons rien à déclarer sinon l’humanité
L’humanité n’est pas une nationalité
La misère ne passe pas
Passager clandestin
Elle retourne au pays
 
Nos sandales ont usé les nuits
Nos pieds nus ont écorché les dunes
La rosée pleurait une terre inhumaine
Et nos mains mendiaient une autre main
Les drapeaux ont peur de leurs promesses
Ils se sont enroulés comme des scolopendres
Notre soif est retournée au feu de notre gorge
Et la vie nous a tourné son dos
 
Tout homme qui s’en va défie l’entour
Dessouche une nation
Et lézarde une étoile
Et dans ses yeux grésillent une autre vie
Son feuillage est d’outre-mer
Quand tout au loin luit son désastre
Il fait troupeau vers les quatre saisons
Il fait tombeau aux bornages
 
O nègres marrons !
 
Ce sont forêts de béton et d’arbres chauves
Souviens-toi de l’enfant mort d’atterrir
En un seul bloc de froidure
Dessous le ventre de l’avion
Souviens-toi de sa mort d’oiseau gelé
Souviens-toi
 
Et toi reconduit
Econduit
Déviré
Jeté par-dessus bord
Taureau d’herbe sèche
Regarde toi passer sur ta terre
Les yeux baissés
Et sur la joue le crachat des nations
 
 
Ils ont faim du soleil
Mais le soleil a faim aussi
(Parole de poète)
Demande-toi où est ton lieu
Ton seul lieu d’accueil
Tu inventeras ta terre


Ernest Pépin










 






 

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #Liberté

Publié le 30 Septembre 2012

 


Deux nouveaux morceaux de Christy Moore. Le premier est un hommage à la lutte d'indépendance Irlandaise :







Seules Nos Rivières courent librement
           
Lorsque les pommes poussent encore en Septembre lorsque les fleurs fleurissent encore sur chaque arbre 
Lorsque les feuilles sont encore vertes en Novembre c'est alors que notre patrie sera libre 
j’erre parmis ses collines et ses vallées et toujours à travers mon chagrin, je vois 
une terre qui n'a jamais connu la liberté, seules ses rivières courent librement
Je bois à la mort de son âge adulte, ces hommes qui aurait préféré mourir plutôt 
que de vivre dans les chaînes de la servitude glaciale pour retrouver leurs droits bafoués 
Où êtes-vous maintenant que nous avons besoin de vous, ça ne brûle, que la où est la flamme
Êtes-vous allé comme les neiges de l'hiver dernier seules nos rivières courent librement
Pour adoucir la vie, nous pleurons pour adoucir ce vin trop sec 
tel le parfum de la rose, qui meure dans un soupir au gré de la douceur du vent
à quoi bon être jeune lorsque l’age n’apporte jamais la joie dans vos yeux ? 
Il y a la douleur dans soleil et les fleurs, et seules nos rivières courir librement.
         
Michael McConnell





Le deuxième rend hommage aux victimes du Bloody Sunday ( celui de 1972 ), Dimanche sanglant ou massacre du Bogside (quartier de Derry) :







Esprits fermés


c’est arrivé un dimanche après-midi 
une belle après-midi aux vives lumières hivernales
une journée idéale pour la marche.
Il y eu des coups de feu, des pierres et des balles 
une belle après-midi aux vives lumières hivernales
ce fut le chaos, la panique et la mort, 
incrédulité sur les visages 
La peur et le désarroi 
Les secondes semblaient une éternité 
Ils nous  tirent dessus
ce n'était pas censé se passer comme ça 
terrifiant à voir
alors nos esprits se sont fermés
alors nos esprits se sont fermés
alors nos esprits se sont fermés
alors nos esprits se sont fermés
Et  reste là ...
Jackie Duddy et Willie Nash, 
Gerry Donaghy, Willy McKinney, 
Gerard McKinney et Jim Wray 
Johnny Johnston, Barney McGuigan, 
Paddy Doherty, Kevin McIlhenny  
John Young, Mickey Kelly,  
Hugh Gilmore, Michael McDaid


Souvenons-nous …

c’est arrivé un dimanche après-midi 
une belle après-midi aux vives lumières hivernales
une journée idéale pour la marche.

Christy Moore



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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #musique

Publié le 30 Septembre 2012



Chacun sait qu'il faut se méfier de tout ce que l'on nous raconte. Norman Baillargeon, auteur du petit cours d'autodéfense intellectuelle, nous propose chaque vendredi des énigmes qui prouvent que la logique et l'esprit critique sont les seuls révélateurs de vérité .

Exemple : 

   Joel Best, un mathématicien, raconte qu’il a assisté en 1995 à une soutenance de thèse durant laquelle le candidat invoquait le fait que, depuis 1950, le nombre de jeunes tués ou blessés par armes à feu, aux États-Unis, double à chaque année. Une référence à une revue savante était citée à l’appui de ce fait. Chacun sait que les États-Unis ont un grave problème avec les armes à feu. Mais Best refusa absolument de croire cette affirmation. Pourquoi?

La réponse et bien d'autres sujets interressants : ici



    reflechir




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Publié le 30 Septembre 2012




Et si on mettait dans la musique le bleu et l'arc en ciel qui manquent à notre météo ?







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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #musique

Publié le 26 Septembre 2012




Et les flics tirèrent à boulets rouges sur le drapeau noir...
 
 
Des pourris c'est moi qui vous le dis
regardez ces tronches ces gueules ces faciès
Des espagnols des Italiens des Croates des Bulgares
Des bougnoules
Des sales nègres merdiques
Il y en a même qui portent chapeau
et cravate comme les bourgeois
 
Des pourris c'est moi qui vous le dis
Des chiens affamés de sang Des sauvages
Des brutes qui tueraient père et mère
ça se voit à leurs yeux farouches
A leurs poings serrés
A leurs bouches tordues par la haine
des honnêtes gens
 
Dans la rue l'enfant au ventre creux
contemple la lie de la terre
Il ne dit rien Il se tait obstinément
Il serre les dents ainsi qu'on lui a enseigné
depuis le premier jour
 
Dans la rue les putains collées aux murs
jettent des roses
et des baisers aux insurgés
Les corbeaux obscurs de la détresse et de la dérision
déposent religieusement leurs crottes sur les statues
des héros de la République
 
Rénée-Maria la petite marchande d'allumettes
pleure et se mouche dans ses doigts
lorgnées du coin de l'oeil par un Monsieur
qui fleure bon l'eau de cologne
 
Renée-Maria mord sa main jusqu'au sang
pour ne pas hurler
 
Dans la rue la rumeur des humiliés chasse loin
devant elle
les feuilles mortes d'octobre
Ah! dieu! qu'il est beau!
murmure Renée-Maria en regardant celui
qui avance en tête
un beau jeune homme en habit de charpentier A la barbe
blonde et soigneusement peignée
aux doigts fins et très pâles
 
Faudrait tous les aligner le long d'un mur c'est moi
qui vous le dis
murmure un prêtre à l'oreille du caporal-chef
Faudrait tous les jeter dans les fours brûlants
dit la couturière poitrinaire qui attend le Prince Charmant
Faudrait tous les prendre aux grilles des Champs-Élysées
proclame triomphalement un ancien Versaillais
reconverti dans le trafic d'esclaves
 
Dans les rues des bébés gémissent pressentant le drame
Les lanternes s'éteignent
Un roulement monte du côté du Pont Louis-Philippe
Un autre roulement lui répond par delà le Panthéon
On entend des pas marteler le pavé aux environs des jardins
du Luxembourg
 
Dans la rue ils marchent comme des silences graves armés
d'innombrables courages
Ils marchent comme des foules surgies d'un trou sombre où les rats
disputent l'espace
Ils marchent comme des océans soudés par la sueur le sang
et les larmes
Ils marchent comme des épées nues
Comme des processions de famines et de douleurs plus anciennes
que les plus vieux arbres
Dans les rues ils marchent comme des désespoirs vêtus d'étoffe rude
comme des corps mutilés
comme des voix brisées par l'émotion
 
Dans la rue l'enfant au ventre creux
attend muet
recroquevillé sur sa pouillerie
Il tremble
Il a peur
Il a froid
 
Mais ses regards sont ceux d'un fils de l'homme
orphelin depuis longtemps
 
La rue attend immobile craintive
On entend la forge rauque des poitrines
Sur les banlieues le soleil déchiqueté
s'effondre au milieu des potagers navrants
 
Celui qui s'avance en tête n'a pas d'amour
Il n'a jamais eu le temps
et celui qui le suit
a pour seul ami
le vent des nuits
du pays natal
 
Celui qui s'avance en tête est beau comme
un archange
et celui qui le suit
a un visage doux de roi-mage
 
Faudrait tous les balancer aux lions
Les bébés agitent leurs petits bras pressentant
le drame
Un banquier gras et chauve vérifie si son portefeuille
est toujours là où il faut
 
Dans la rue ils marchent sans dire un mot
sans fièvre
Ils marchent d'un pas régulier convaincu
Ils sont de toutes les races
et de toutes les folies
 
Dans la rue où les putains vite fait refont
leur maquillage
pour être belle
Dans la rue où l'enfant au ventre creux
berce une poupée de chiffons
qui n'a plus qu'une jambe
 
Ils marchent derrière les tambours bannières haut levées
ils marchent obscurs silencieux casqués
ils marchent figures de fer bottés casqués
Ils marchent en rang serrés
Ils marchent cent et mille Ils marchent comme toujours
marchent les armées
 
De longues minutes ils s'observèrent
De longues minutes
Et les flics tirèrent à boulets rouges sur le drapeau noir...
Celui qui s'avançait en tête front éclaté rougit le trottoir
Et celui qui suivait tomba avec une lenteur bouleversante
Et l'enfant au ventre creux eut brusquement des tonnes
de pain blanc
au creux des paumes.
Tard dans la nuit quand ils furent repartis
ne restèrent que les putains
qui chantèrent les cantiques et les divins psaumes.
 
 
André Laude
In " Les Paris Imaginaires" de Jean Lebedeff
(Éd. Plasma, 1979)




 

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #poèsie