Publié le 2 Novembre 2013

La minéralité expliquée aux cailloux

Cette semaine, la minéralité expliquée aux cailloux apporte son inconditionnel soutien à m., chanteuse et poète du groupe O.P.A (orchestre poétique d'avant-guerre)

J’m. la petite cigale

Qui nourrit ventre et âme

D’une poésie d’opale

D’amour et puis de flamme

La suite

ici

.

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Publié le 1 Novembre 2013

Si je vous dis que sa mère, Carline ray, était bassiste et chanteuse de renom,

que son père, Luis Russell, était pianiste et directeur musical de Louis Armstrong,

ça vous étonne ?

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #Blues

Publié le 29 Octobre 2013

Euh, en fait, ça marche pareil pour le crédit Lyonnais !

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #banksters

Publié le 28 Octobre 2013

 

 

Prière à l'inconnu

 

 

Voilà que je me surprends à t’adresser la parole,
Mon Dieu, moi qui ne sais encore si tu existes
Et ne comprends pas la langue de tes églises chuchotantes.
Je regarde les autels, la voûte de ta maison,
Comme qui dit simplement: voilà du bois, de la pierre,
Voilà des colonnes romanes.
Il manque le nez à ce saint.
Et au-dedans comme au-dehors, il y a la détresse humaine.
Je baisse les yeux sans pouvoir m’agenouiller pendant la messe,
Comme si je laissais passer l’orage au-dessus de ma tête.
Et je ne puis m’empêcher de penser à autre chose.
Hélas ! j’aurai passé ma vie à penser à autre chose.
Cette autre chose, c’est encore moi.
C’est peut-être mon vrai moi-même.
C’est là que je me réfugie.
C’est peut-être là que tu es.
Je n’aurai jamais vécu que dans ces lointains attirants.
Le moment présent est un cadeau dont je n’ai pas su profiter.
Je n’en connais pas bien l’usage.
Je le tourne dans tous les sens,
Sans savoir faire marcher sa mécanique difficile.
Mon Dieu, je ne crois pas en toi, je voudrais te parler tout de même.
J’ai bien parlé aux étoiles, bien que je les sache sans vie,
Aux plus humbles des animaux, quand je les savais sans réponse,
Aux arbres qui, sans le vent, seraient muets comme la tombe.
Je me suis parlé à moi-même, quand je ne sais pas bien si j’existe.
Je ne sais si tu entends nos prières, à nous les hommes,
Je ne sais si tu as envie de les écouter.
Si tu as, comme nous, un coeur qui est toujours sur le qui-vive
Et des oreilles ouvertes aux nouvelles les plus différentes
Je ne sais pas si tu aimes à regarder par ici.
Pourtant je voudrais te remettre en mémoire la planète terre
Avec ses fleurs, ses cailloux, ses jardins et ses maisons
Avec tous les autres et nous qui savons bien que nous souffrons.
Je veux t’adresser sans tarder ces humbles paroles humaines
Parce qu’il faut que chacun tente à présent tout l’impossible.
Même si tu n’es qu’un souffle d’il y a des milliers d’années
Une grande vitesse acquise
Une durable mélancolie
Qui ferait tourner encore les sphères dans leur mélodie
Je voudrais, mon Dieu sans visage et peut-être sans espérance
Attirer ton attention parmi tant de ciels vagabonde
Sur les hommes qui n’ont pas de repos sur la planète.
Ecoute-moi ! Cela presse. Ils vont tous se décourager
Et l’on ne va plus reconnaître les jeunes parmi les âgés
Chaque matin, ils se demandent si la tuerie va commencer.
De tous côtés, l’on prépare de bizarres distributeurs de sang de plaintes et de larmes
L’on se demande si les blés ne cachent pas déjà des fusils.
Le temps serait-il passé où tu t’occupais des hommes ?
T’appelle-t-on dans d’autres mondes, médecin en consultation,
Ne sachant où donner de la tête
Laissant mourir sa clientèle ?
Ecoute-moi ! Je ne suis qu’un homme parmi tant d’autres.
L’âme se plait dans notre corps,
Ne demande pas à s’enfuir dans un éclatement de bombe.
Elle est pour nous une caresse, une secrète flatterie.
Laisse-nous respirer encore sans songer aux nouveaux poisons
Laisse-nous regarder nos enfants sans penser tout le temps à la mort.
Nous n’avons pas du tout le coeur aux batailles, aux généraux.
Laisse-nous notre va-et-vient, comme un troupeau dans ses sonnailles,
Une odeur de lait frais se mélant à l’odeur de l’herbe grasse.
Ah ! si tu existes, mon Dieu, regarde de notre côté.
Viens te délasser parmi nous.
La terre est belle, avec ses arbres, ses fleuves et ses étangs,
Si belle, que l’on dirait que tu la regrettes un peu
Mon Dieu, ne va pas faire la sourde oreille
Et ne va pas m’en vouloir si nous sommes à tu et à toi
Si je te parle avec tant d’abrupte simplicité.
Je croirais moins qu’en tout autre en un Dieu qui terrorise.
Plus que par la foudre, tu sais t’exprimer par les brins d’herbe
Et par les jeux des enfants et par les yeux des ruisseaux.
Ce qui n’empêche pas les mers et les chaînes de montagnes.
Tu ne peux pas m’en vouloir de dire ce que je pense
De réfléchir comme je peux sur l’homme et sur son existence
Avec la franchise de la terre et des diverses saisons
Et peut-être de toi-même dont j’ignorerais les leçons
Je ne suis pas sans excuses
Veuille accepter mes pauvres ruses
Tant de choses se préparent sournoisement contre nous
Quoi que nous fassions, nous craignons d’être pris au dépourvu
Et d’être comme le taureau
Qui ne comprend pas ce qui se passe
Le mène-t-on à l’abattoir
Il ne sait où il va comme ça
Et juste avant de recevoir le coup de mort sur le front
Il se répète qu’il a faim et brouterait résolument
Mais qu’est-ce qu’ils ont ce matin avec leurs tabliers pleins de sang
A vouloir tous s’occuper de lui ?

***

Jules Supervielle (1884-1960) La Fable du monde (1938)

 

 

Prière à l'inconnu

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #poèsie

Publié le 27 Octobre 2013

En avril 1915, débute la bataille de Gallipoli (ou bataille des Dardanelles) qui opposa les forces Australiennes et Néo-zélandaises à l'armée Turque.

120 000 morts dont 70 000 turcs

Voici deux versions de "Waltzing Mathilda" chanson écrite en 1972 par Eric Bogle (Ecossais émigré en Australie), qui rend hommage au victimes Australiennes de ce carnage...

Quand j'étais un jeune homme j'ai porté mon sac

Et j'ai vécu la vie libre d'un vagabond

Des verdoyants bassins de Murrays à la savane poussiéreuse

Et ma couverture valsa tout du long

Mais en 1915 mon pays dit désolé fils

Il est temps d'arrêter de divaguer car il y a du travail qui doit être fait

Alors ils m'ont donné un casque en étain et un fusil

Et ils m'ont envoyé au loin à la guerre

 

Et le groupe jouait Waltzing Matilda

Tandis que nous nous éloignons du quai

Et au milieux de toute les larmes, de tout les cris et de tout les remerciements

Nous sommes partis pour Galipoli

 

Et ô combien je me souviens de ce terrible jour

Comment le sang tacha le sable et l'eau

Et comment dans cette ville qu'ils appellaient Sulva bay

Nous fûmes charcutés comme des agneaux à l'abattoir

L'étranger turc était prêt il s'était bien préparé

Il nous chassa avec des balles et fit pleuvoir des bombes

Et en 5 petites minutes il faillit nous envoyer tous en enfer

Il nous souffla presque jusqu'en Australie

 

Mais le groupe jouait Waltzing Matilda

Tandis que nous arrêtions d'enterrer nos morts

Nous avons enterré les notres et les turcs les leurs

Et nous avons encore recommencé

 

Maintenant ceux qui ont été laissés eh bien nous essayions de survivre

Dans un monde mauvais de mort sanglante et de feu

Et pendant 10 semaines épuisantes je me suis gardé en vie

Mais autour de moi les corps s'empilaient plus haut

Alors un bombardement turc me blessa au cul

Et je me suis réveillé dans mon lit d'hopital

J'ai vu ce que ça avait fait et j'ai souhaité être mort

Je n'avais jamais su qu'il y avait des choses pires que mourir

 

Car je ne ferais plus valser ma couverture autour de moi

Tout autour des verts buissons loins et près

Pour porter sa tente et ses piquets un homme à besoin de ses deux jambes

Plus de Waltzing Matilda pour moi

 

Alors ils ont collectés les estropiés, les blessés, les mutilés

Et il nous renvoyé à la maison en Australie

Le manchot, le cul-de-jatte, l'aveugle, le fou

Ces fiers heros blessés de Sulva

Et tandis que nos vaisseaux étaient tirés dans Circular Quay

J'ai regardé l'endroit où mes jambes avaient pour habitude d'être

Et j'ai remercié le Christ qu'il n'y ait personne qui m'attendais

Pour me plaindre, pour pleurer et pour avoir pitié

 

Et le groupe jouait Waltzing Matilda

Tandis qu'ils nous portaient en descendant l'allée

Mais personne ne remercia ils se tinrent juste et fixèrent

Et ils détournèrent leurs visages

 

Et maintenant à chaque Avril je m'assois sous mon porche

Et je regarde la parade passer devant moi

Et je regarde mes vieux camarades marcher fièrement

Se remmémorant des vieux rêves de gloire passée

Et les vieux hommes marchent lentement tous courbés, raides et endoloris

Les héros oubliés d'une guerre oubliée

Et les jeunes gens demandent "Pourquoi marchent ils ? "

Et je me pose la même question

 

Et le groupe joua Waltzing Matilda

Et le vieil homme répond à l'appel

Mais année après année leur nombre diminue

Un jour plus personne ne marchera là

 

Waltzing Matilda

Waltzing Matilda

Waltzing Matilda

Waltzing Matilda

Qui viendra faire balancer sa couverture avec moi

Et leurs fantômes doivent être entendus tandis que tu passe le Billabong

Qui viendra faire balancer sa couverture avec moi

 

 

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #musique

Publié le 23 Octobre 2013

Cet article est reposté depuis coco Magnanville.

La minéralité expliquée aux cailloux : Pierre qui roule

.........Ils n’iront plus brouter l’herbe de cette île lointaine

Qui envoûtait leurs rêves d’un parfum d’aventure........

La suite :

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Publié le 7 Octobre 2013

Lu sur Rebellyon.info

 

L’expulsion et l’éloignement des familles rroms empêchent la scolarisation

 

 

 

                                                        

 

 

L’association C.L.A.S.S.E.S accompagne les familles vivant dans des cabanes, des tentes, des squats, sous des ponts, dans des jardins publics, qui souhaitent que leurs enfants aillent à l’école comme ils en ont le droit et l’obligation. Les formalités administratives ne sont pas simples lorsqu’on ne parle pas français, qu’on ne sait pas lire et surtout lorsqu’on ne peut pas présenter une quittance de loyer ou une facture EDF. Une fois les enfants inscrits nous nous efforçons de soutenir leur assiduité.

L’action de C.L.A.S.S.E.S a démarré il y a main­te­nant 7 ans et les béné­vo­les de l’asso­cia­tion connais­sent bien des famil­les vivant sur le ter­ri­toire du Grand Lyon, démé­na­geant au gré des expul­sions, évacuations, incen­dies, héber­ge­ments tem­po­rai­res.
Au 30 avril der­nier, 261 enfants suivis par C.L.A.S.S.E.S étaient ins­crits à l’école ce qui ne signi­fie pas qu’ils y étaient tous pré­sents car leurs condi­tions de vie per­tur­bent sou­vent la fré­quen­ta­tion sco­laire. Une cen­taine d’autres enfants, connus de C.L.A.S.S.E.S, n’étaient pas encore ins­crits, ou étaient en cours d’ins­crip­tion.

Qu’en est-il à cette ren­trée sco­laire ?

La majo­rité des enfants sco­la­ri­sés l’an der­nier ou en attente de sco­la­ri­sa­tion auraient dû faire leur ren­trée nor­ma­le­ment, en même temps que les autres enfants, soit envi­ron 350 enfants. Malheureusement ce n’est pas le cas.

Entre temps, les famil­les héber­gées dans le cadre du Plan Froid ont été mises à la rue. Les famil­les d’un grand squat de Saint-Priest ont dû partir ; beau­coup sont allées rejoin­dre le ter­rain de la rue Salengro à Vaulx-en-Velin. Lorsque qu’une partie de celui-ci a brûlé, puis que la tota­lité du ter­rain a été évacuée, les famil­les se sont une nou­velle fois dis­per­sées : cer­tai­nes sont allées gros­sir le ter­rain de Saint-Fons, d’autres errent encore dans l’agglo­mé­ra­tion, dor­mant dehors, une nuit ici, une nuit là. Celles héber­gées par la Préfecture l’ont été par­fois dans des hôtels isolés, à proxi­mité des auto­rou­tes, loin des écoles et des asso­cia­tions pou­vant leur venir en aide. Les famil­les d’un squat de Vaise dont nous avions réussi à sco­la­ri­ser à peu près tous les enfants, grâce à la coo­pé­ra­tion avec la mairie du 9e ont elles aussi été mises dehors sans solu­tion. Plusieurs d’entre elles se trou­vent en squat à Villeurbanne.

Ces mises à la rue, ces évacuations, ces dépla­ce­ments de popu­la­tion ont des consé­quen­ces néga­ti­ves évidentes sur la sco­la­ri­sa­tion : des enfants sco­la­ri­sés à Villeurbanne-nord vivent main­te­nant à St Fons ; des enfants sco­la­ri­sés à Givors se retrou­vent sous tente à Vénissieux, après un mois d’errance. Des enfants sco­la­ri­sés à Vaise ont été retrou­vés à Villeurbanne, et il faut cher­cher de nou­vel­les écoles pour les accueillir. Ceux-là ne seront sans doute pas dés­co­la­ri­sés, mais ils vont perdre un mois d’école, ils auront perdu leurs copains, leurs repè­res. D’autres, trop loin d’un établissement sco­laire ne pour­ront pas retour­ner à l’école.

Deux semai­nes après la ren­trée il est dif­fi­cile d’avan­cer des chif­fres précis, mais nous esti­mons que, pas plus de 70 à 80 des enfants suivis par C.L.A.S.S.E.S l’an der­nier ont fait leur ren­trée nor­ma­le­ment. Quel gâchis !

A contra­rio, on peut citer le ter­rain de La Feyssine, stable depuis main­te­nant 2 ans et demi, malgré des aler­tes pério­di­ques qui ali­men­tent l’inquié­tude. La ren­trée sco­laire a pu y être pré­pa­rée cor­rec­te­ment : 3 filles sont au col­lège, 15 enfants vont à l’école élémentaire, 8 enfants sont ins­crits à l’école mater­nelle. Ne sont pas sco­la­ri­sés : les petits de 3 et 4 ans et les jeunes de plus de 14 ans, non sco­la­ri­sés en pri­maire et qui n’ont pas trouvé de place en col­lège.

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Dans le même temps tous les poli­ti­ques répè­tent que la sco­la­ri­sa­tion des enfants est un impé­ra­tif, et que la « ges­tion » des bidon­vil­les doit en tenir compte et la faci­li­ter.
La seule avan­cée que nous cons­ta­tons cette année se trouve du côté de l’Education natio­nale : 3 clas­ses ont été ouver­tes en col­lège pour des enfants ne maî­tri­sant pas le fran­çais et ne sachant pas lire, c’est un pro­grès. Par ailleurs sur le ter­rain de Saint-Fons qui a consi­dé­ra­ble­ment grossi, l’Education natio­nale se préoc­cupe de repé­rer les enfants qui ne sont pas sco­la­ri­sés pour, nous l’espé­rons, leur trou­ver des solu­tions rapi­de­ment.

Le droit à l’éducation est un droit fon­da­men­tal pour chacun ; il ne suffit pas de le décla­rer, il faut pren­dre les mesu­res néces­sai­res pour le mettre en œuvre effec­ti­ve­ment. C’est ce que demande l’asso­cia­tion C.L.A.S.S.E.S au Préfet, repré­sen­tant de l’Etat sur notre ter­ri­toire.

A Lyon le 16 sep­tem­bre 2013
C.L.A.S.S.E.S

Collectif Lyonnais pour l’Accès à la Scolarisation et le Soutien aux Enfants des Squats
clas­ses069-at-gmail.com

P.-S.

Photos : Jean-Philippe Ksiazek

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #Liberté

Publié le 4 Octobre 2013

Petit-fils d'un métayer Mississippi, Ben Prestage a été trempé dans la tradition du blues et de la culture Mississippi depuis sa naissance.

Étiqueté comme «l'un des trois meilleurs artistes non signés dans le monde» à l'international 2006 Blues Challenge, ce multitâche musical semble aussi à l'aise en jouant pour les masses des  festivals tentaculaires de musique en plein air  mais aussi en divertissant les foules intimes dans une taverne locale ou en jouant gratuitement pour les passants sur les trottoirs de Key West...

 

 

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #Blues

Publié le 3 Octobre 2013

Manuel, souviens-t-en...

Lu sur L'humanité :

"Quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de cœur. C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français de fraîche date que tu es. C’est un fils de «brigadiste» qui se rappelle à toi. Souviens-t’en: «Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir.» Par Jean-Claude Lefort, Député honoraire, Fils de Manouche.

La tribune:

Manuel, tu as déclaré hier soir, sur BFMTV, que la situation était très différente pour toi, relativement à celle des Roms, car ta famille espagnole était venue en France pour fuir le franquisme.

Tu as été naturalisé français en 1982. Franco est mort en 1975. Sept ans avant ta naturalisation. Quand tu es devenu français, il n’y avait donc plus de dictature en Espagne. Tu avais donc « vocation », selon tes mots, à retourner dans ton pays de naissance, en Espagne. Tu ne l’as pas fait et je comprends parfaitement, de même que je comprends totalement ton souhait de devenir français. Cela sans l’ombre d’un doute.

Tu avais «vocation» à retourner à Barcelone, en Espagne où tu es né, pour reprendre tes propos qui concernaient uniquement les Roms. Celui qui t’écrit, en ce moment, est un Français d’origine manouche par son père. Mon père, manouche et français, est allé en 1936 en Espagne pour combattre le franquisme, les armes à la main, dans les Brigades internationales. Pour la liberté de ton pays de naissance, et donc celle de ta famille. Il en est mort (1), Manuel. Des suites des blessures infligées par les franquistes sur le front de la Jarama, en 1937. Je ne te demande aucun remerciement, ni certainement pas la moindre compassion. Je la récuse par avance. Je suis honoré en vérité qu’il ait fait ce choix, quand bien même il a privé ma famille de sa présence alors que je n’avais que neuf ans et ma sœur, dix-huit.

La guerre mondiale est venue. Et les camps nazis se sont aussi ouverts aux Tziganes. Tu le sais. Mais un nombre énorme de Manouches, de Gitans et d’Espagnols se sont engagés dans la Résistance sur le sol français. Ton père aurait pu en être. Il en avait l’âge puisque il est né en 1923. Georges Séguy et d’autres sont entrés en résistance à seize ans. Je ne lui reproche aucunement de ne pas l’avoir fait, bien évidemment. Mais je te demande le respect absolu pour celles et ceux qui se sont engagés dans la Résistance contre le franquisme, puis ensuite contre le nazisme et le fascisme. Contre ceux qui avaient fait Guernica. Et pourtant, à te suivre, ils avaient «vocation» à retourner ou à rester dans leur pays d’origine, ces «étrangers, et nos frères pourtant»…

Manuel, «on» a accueilli la Roumanie et la Bulgarie dans l’Union européenne alors que ces pays ne respectaient pas, et ne respectent toujours pas, un des fondamentaux pour devenir ou être membre de l’Union européenne: le respect des minorités nationales. Sensible à cette question pour des raisons évidentes, je m’en étais fortement inquiété à l’époque. En tant que député, je suis allé à Bruxelles, auprès de la Commission, pour prouver et dire que ces pays ne respectaient pas cette clause fondamentale. On m’a souri au nez, figure-toi.

Et aujourd’hui, dans ces pays, la situation des Roms s’est encore aggravée. Pas améliorée, je dis bien «aggravée». Et ils ont «vocation» à rester dans leurs pays ou à y revenir? C’est donc, pour toi, une espèce humaine particulière qui pourrait, elle, supporter les brimades, les discriminations et les humiliations de toutes sortes? Ces pays d’origine ne sont pas des dictatures, c’est certain. Mais ce ne sont pas des démocraties pleines et entières pour autant. Alors toi, l’Espagnol devenu français, tu ne comprends pas? Fuir son pays, tu ne comprends pas? Toi, tu ne comprends pas que personne n’a «vocation» à rester ou revenir dans son pays? Sauf si tu es adepte de conceptions très spéciales, à savoir que ce qui vaudrait pour un Roumain ne vaudrait pas pour un Espagnol. Tu sais pourtant que le mot «race» va disparaître de nos lois. À juste titre car il n’y a pas de races, juste une espèce humaine. Et les Roms en sont.

La fermeté doit s’exercer là où se trouvent les responsabilités. Pas sur de pauvres individus qui n’en peuvent plus. Savoir accueillir et savoir faire respecter nos lois ne sont pas deux concepts antagoniques. Mais quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de cœur. C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français de fraîche date que tu es. C’est un fils de «brigadiste» qui se rappelle à toi. Souviens-t’en: «Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir.»

Pour l’heure, Manuel, j’ai la nausée. Tes propos me font gerber, même pire. Nos pères auraient donc fait tout ça pour rien ou pour «ça»?

Ils sont morts pour la France, Manuel. Pour que vive la France. Inclus «ces étrangers, et nos frères pourtant».

(1) En 1953

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Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #Liberté