Lord take my soul, but the struggle continues - Hommage à Ken Saro-Wiwa

Publié le 18 Août 2012

 
 

"Lord take my soul, but the struggle continues" sont les derniers mots de l'écrivain, professeur d'université, producteur de série télévisé et défenseur de l'environnement Kenule (Ken) Beeson Saro-Wiwa. Né en Octobre 1941 à Boré au Nigeria, on ajouta Saro à son nom parce qu'il était le premier garçon de sa famille.

 En 1958 la compagnie Britannique Shell découvre du pétrole dans le delta du Niger. Ken encore jeune observe la destruction de l'environnement et l'exploitation des ressources de sa région natale. Après des années de protestation sans succès à travers ses articles dans la presse nigériane, Ken décide de fondé le MOSOP (the MOvement for the Survival of the Ogoni People) en 1990. Ce mouvement pacifique organise des protestions contre la dictature nigériane et la compagnie Shell.

 Shell et ses associés du régime militaire s'inquiètent des activités du leader du MOSOP. Il sera arrêté à plusieurs reprises et relaxé.

 Le 21 Mai 1994 Ken et huit de ses collègues du MOSOP sont arrêtés et accusés d'avoir tué quatre chefs Ogoni. Un des quatre chefs était son beau frère.

 En Février 1995 après dix mois de torture, le régime militaire décide enfin de juger Ken.

 Le 31 Octobre 1995 Ken et ses camarades sont condamnés à mort par la dictature Nigériane et exécutés par pendaison le 10 Novembre 1995.

  

struggle 

 

La lettre de Ken Saro-Wiwa rédigée en prison, résume sa vie et son combat
 
Mai 1995
 
Une année s'est écoulée depuis que j'ai été brutalement réveillé de mon lit et détenu. Soixante-cinq jours enchaînés, des semaines affamés, des mois de torture psychologique et récemment, le parcours dans une voiture asphyxiante pour comparaitre devant une court de kangourou surnommé tribunal militaire spécial où les débats ne laissent aucun doute que le jugement a été écrit d'avance. Et il n'y aura certainement pas d'appel contre la condamnation à mort.
 
Peur affreuses? À peine. Les hommes qui décrètent et surveillent ce spectacle de honte, cette charade tragique, ont peur du message, du pouvoir des idées, le pouvoir du stylo; des demandes de justice sociale et des droits de l'homme. Ils n'ont pas le sens de l'histoire. Ils ont si peur du pouvoir du message, leurs obsèques.
 
Lorsque, après avoir écrit pendant des années, j'ai décidé de mobiliser le peuple Ogoni par le message dans la rue, et permettre à ce peuple de protester contre la dévastation de l'environnement par Shell, la deshumanisation de l'environnement par les dictateurs Nigérians, je n'avais aucun doute où cela pouvait se terminer. Cette connaissance m'a donné la force, le courage, la réjouissance et un avantage psychologique sur mes bourreaux.
 
Hier, comme par voie magique, l'esprit Ogoni a apparu dans ma cellule, un beau poème de Jack Mapanje, le vétéran des prisons de Kamuzu Banda: quatre années sans aucune charge. J'avais rencontré Jack à Potsdam en 1992 et je me suis demandé comment il avait survécu à tout cela.
 
Écrivant de Leeds University, son poème m'a conseillé de porter l'armure de l'humour. La note à la fin à également été signée par Chengerai Hove, le romancier primé du Zimbabwe. Cela fait plaisir de savoir que ces hommes excellents, les meilleurs cerveaux s'inquiètent de la souffrance de l'autre.
 
Finalement la faute se trouve chez le gouvernement britannique. C'est le gouvernement britannique qui fournit des armes et de l'argent aux dictateurs du Nigeria, sachant que ces armes seront utilisés contre les citoyens innocents, non armés.
 
C'est le gouvernement britannique qui fait des bruits au sujet de la démocratie au Nigeria et en Afrique mais soutient les dictateurs à fond. C'est le gouvernement Anglais qui supporte le viol et la dévastation de l'environnement par une Compagnie de grande valeur comme Shell qui possède des employés et paie ses impôts. Mon agonie, la destruction des Ogoni et des autre peuple du delta du Niger, sont la responsabilité du gouvernement britannique.
 
Finalement, la décision revient aux britanniques, l'électorat, d'arrêter, cette grande supercherie, ce double standard qui a prolongé le cauchemar de l'Afrique et dénigre l'humanité.
 
Vivre ou mourir est immatériel. C'est un comble pour moi de savoir qu'il y a des gens qui sacrifient du temps, de l'argent et de l'énergie pour lutter contre ce mal parmi tant d'autres à travers le monde. S'ils ne réussissent pas aujourd'hui, ils réussiront demain. Nous devons continuer à nous battre pour un monde meilleur pour tous les hommes - chacun contribuant un tout petit peu à sa manière. Je vous salue tous .
 
 
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Les Coquillages de la plage de Bridlington North

 

 Ella haïssait tout ce qui était encagé, les poissons en particulier,

 

les poissons encagés dans des aquariums, des étangs, ou quoi que ce soit;

 

 "Ca me rappelle les prisons et l'esclavage" disait-elle;

 

alors, quand pour la première fois sa vue embrassa la vaste verdeur

 

 de la plage de Bridlington miroitant en ce

 

jour d'été anglais, elle salua le paysage comme

 

 une fille du sahara aux pieds déssèchés, prenant l'eau, prenant l'eau,

 

dans le creux de sa main comme une démente, nettoyant ses paumes,

 

 sautillant et riant, puis frottant ses mains

 

sur sa robe, elle jeta son derrière sur les sables de la

 

 plage et laissa la mer inspirer et expirer sur elle

 

tandis qu'elle détendait ses jambes croisées - "Libre, enfin !"

 

 annonça-t-elle aux foules inconscientes du rivage;

 

et comme le paysage marin se ralliait puis disparaissait

 

 à ses pieds, elle dessina une carte du monde : "Les Pays-Bas

 

que nous avons visité doivent être ici ; la Norvège, la Suède, là,

 

 "Au delà, La Russie !" Puis rassemblant plus de coquillages

 

et les choisissant un par un, elle se tourna vers lui :

 

 "tu te souviens d'avoir mangé du porridge de

 

coquillages de mer une fois ?" Il hocha la tête, souriant

 

 en songeant à un autre souvenir des lacs africains qu'ils avaient été contraints

 

d'abandonner. "Un jour, peut être, je prendrais cette maison

 

 pour fêter ça !" Dit-elle en appesantissant son regard sur la profonde mer.

 

Aujourd'hui, ses galets en forme d'oeufs, ses perles de coquillages

 

 brillent encore à l'appui fenêtre; ses voeux résonnent encore,

 

"Change régulièrement l'eau dans les récipients pour

 

 que les galets et les coquillages continuent de briller - tu verras,

 

c'est bien plus sain que de nourrir des poissons dans un bocal !"

 

 

 Jack Mapanje (1944 - ), poète malawien 

traduit de l'anglais par E. Dupas

Source : http://poesie-et-racbouni.over-blog.com/

 

 

 

 
 
 
 

Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #Liberté

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