Poème-manifeste

Publié le 1 Mai 2014





    Poème-manifeste

Nous ne voulons plus de leçons de morale

de pas cadencés de bals décadents

de mascarades de la Saint-Jean

de drapeaux qui flottent joyeusement sur la flicaille

de populace acclamant ses exploiteurs

d’exploiteurs qui triomphent devant la populace

nous ne voulons plus de toi Louis XVI

nous te l’avons déjà signifié très clairement

en des termes plutôt tranchants
de toi non plus pape nous ne voulons plus

vieille baderne vieil épouvantail d’un autre temps

vieux crabe qui brandis le jugement de Dieu

tremble qu’il ne s’abatte sur ta tiare de riche

pour ces millions d’enfants qui crèvent de ta bêtise

parce que des malheureux te prennent pour un dieu

nous ne voulons plus de lois de contraintes de règlements

nous n’avons pas besoin de cloisons pour survivre

seulement du respect de la vie de la mort

toute loi uniformise tout uniforme est roi

assez de lois de flics de gratte-papiers de soldats

nous ne voulons plus de vous législateurs

renvoyez vos exécuteurs et vos jurismenteurs

à présent nous avons des montres nous savons l’heure

nous ne voulons plus des dynasties des grandes fortunes

des privilèges de l’or des surjouissances de naissance

nous ne tolérons plus que les uns se privent pour que d’autres se gavent

nous ne voulons plus d’emplois nous ne voulons plus d’argent

l’or n’est plus qu’un métal le papier du papier

et tout redevient cendre épée cuiller ou clé

nous voulons notre temps nous voulons notre espace

nous voulons avancer vouloir savoir aimer

nous ne voulons plus de pensées profondes d’idées creuses

de mots qui font le vide

de slogans de publicités d’élections

de promesses d’avenirs meilleurs de bonheurs de paradis d’amour infini

c’est maintenant que nous sommes c’est aujourd’hui que nous voulons

assez de chefs de curés de leaders de guides de patrons

assez de dictateurs de tireurs embusqués d’attentions empressées

assez de sang de rêves préfabriqués de songes et de mensonges

nous ne voulons plus de vous conquérants de nos tombes

héroïques bouchers médaillés et maculés de gloire

vampires enivrés d’une planète exsangue qui meurt sous nos pieds

nous ne voulons plus de pays de patries de nations

nous n’avons plus foi en la démesure nous voulons

des quartiers des villages des communes des îles

nous ne voulons plus de vous pantins de la démence

présidents ministres planificateurs cadres encadrés banquiers

que de temps d’énergie de vies perdues brûlées pour le progrès des ventes

valeurs fictives conventions unanimes

nous ne voulons plus vivre dépossédés de nos vies mêmes

toujours contraints de reporter de différer d’attendre

nous ne voulons plus être raisonnables dans la déraison

compréhensifs devant l’incompréhension

nous voulons notre part de soleil et d’eau douce

d’amours de vins de nourritures de saisons
nous ne voulons plus de toi démocratie traîtresse

gouvernement du peuple exploité par le peuple

condamné qu’on enivre et qui choisit ses bourreaux

gouverner c’est dominer diriger c’est mener
cette folie nous mène tout droit en enfer

nous ne voulons plus de députés de délégués de décideurs

nous voulons décider nous-mêmes de notre sort

nous voulons notre temps nous voulons notre espace

nous voulons nous trouver nous prendre nous donner

nous ne voulons plus apprendre les bonnes manières

comment s’habiller manger maigrir s’entraîner jouir réussir

nous savons nos limites nous les revendiquons

nous ne voulons plus nous astreindre aux tâches inutiles
qui flattent l’orgueil de sous-chefs imbéciles

nous refusons de gaspiller nos vies si courtes pour des futilités

nous avons déjà tant semé tant et tant espéré

nous ne regardons plus le parquet d’une bourse sans rire de tous ces agités

nous ne voulons plus de ce théâtre de la cruauté où les victimes sont bien réelles

assez de savants procédés pour nous piller nous enchaîner
on n’a jamais vu le mortel à qui la terre fut donnée

la planète ne vit que par la vie des êtres qui l’habitent

nous ne voulons plus de ceux qui l’assassinent

nous voulons de l’espoir pour nos enfants à naître.


                    © Pascale (Alain) Cormier, septembre 1996

 

 

Un très bel entretien avec cette poètesse transsexuelle québécoise :

 

http://lunefunambule.com/2012/11/25/poesie-et-transsexualite-deuxieme-partie-pascale-cormier/

Rédigé par hobo-lullaby

Publié dans #poèsie

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A
Tout est dit et bien dit.<br /> Reblogué
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H
Bonjour Caro<br /> <br /> alors celui programmé pour samedi devrait te plaire ...<br /> <br /> Bises en clochettes<br /> <br /> Serge
H
Beau jour Anne-Marie<br /> <br /> Un poème parfumé au muguet<br /> <br /> Bises<br /> <br /> Serge
C
Bonjour Serge,<br /> <br /> Oui c'est bien vrai nous ne voulons plus de tout ça, un grand chambardement est nécessaire et quand la fourmilière humaine aura compris toute la force qu'elle a dans sa cohésion, alors ça changera.<br /> Tu as le chic de nous trouver de ces petits textes originaux forts et beaux à la fois et je te remercie pour ça.<br /> <br /> Bisous<br /> <br /> caro